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Critique de AugustineBarthelemy


Il y a, dans la Trilogie de Corfou, un côté pagnolesque réjouissant qui se double du célèbre humour british. Et un mélange des genres entre « reportage » zoologique et chronique d'une famille anglaise pour le moins excentrique et fantasque, qui ressemble à « un cirque ambulant et son personnel. »

La famille Durrell est de retour, suite au décès du père, en Angleterre après avoir goûté les joies coloniales de l'Inde. L'été est pourri et enrhumé, le frère aîné, Larry, futur écrivain, rumine sa mauvaise humeur, sous l'oeil passif de Leslie, qui ne s'intéresse qu'aux armes et à la chasse, de Margo obsédée par son acné et ses questions sur le sens de la vie, de Gerry -notre jeune narrateur- mauvais élève qui n'a d'intérêt que pour la faune et la flore, et de sa mère, légèrement décalée, et certainement un peu dépassée. Ni une ni deux, Larry prend la décision de partir à Corfou et toute la famille suit.

Aussitôt, Gerry part à la conquête de l'île, son observation de la nature est minutieuse et détaillée. Et l'enthousiasme du jeune naturaliste le pousse à ramener bêtes à poils et à plumes en tout genre, du rampant au grouillant, donnant lieu à des situations familiales hilarantes : l'invasion de la table de cuisine par des scorpions, un combat titanesque entre un gecko et une mante, ou la dévastation d'une chambre par des pies. C'est un récit d'une joyeuse extravagance et d'un comique assuré : Larry a envie d'inviter des amis, la maison est trop petite ? On déménage pour une villa plus spacieuse. La terrible tante Hermione annonce son intention de leur rendre visite à Corfou ? Panique à bord, on déménage dans une maison plus petite et on argue du manque d'espace pour ne pas la recevoir.

L'étude familiale est aussi précise que l'observation de la nature, et pose parfois un regard tendre mais cruel sur cette autre espèce animale. Larry est d'un égocentrisme à toute épreuve et met un point d'honneur à se montrer aussi odieux que drôle dans ses remarques, Margo est un coeur d'artichaut agitée par ses hormones et qui est si désespérée par ses boutons qu'elle en appelle au saint local Spiridon, Leslie est un fou de la gâchette, au mépris de la simple prudence et la mère est une espèce rare de pusillanimité et d'une certaine forme de négligence, se contentant d'un simple « sois prudent mon chéri » en voyant son fils partir à l'exploration des environs. Les personnages qui se greffent à cette famille sont à leur image : les précepteurs de Gerry sont tous étranges, résignés à intégrer dans toutes les matières qu'ils lui enseignent des sciences naturelles pour tenter d'accrocher l'attention du jeune garçon. le chauffeur de taxi, Spiro, est truculent, parle fort et se mêle de tout, Lugaretzia, la bonne à tout faire, est une vieille femme perclus de douleurs, qui ne parle pas un mot d'anglais et laisse la mère effectuer le travail pour lequel elle est -mal- payée, et seul le naturaliste Theodore Stephanides semble avoir la tête bien ancrée sur ses épaules.

Il y a bien évidemment un côté « paradis perdu » dans cette trilogie, un regard bienveillant et nostalgique porté sur l'adolescence. Tout ne doit pas être cru. Mais c'est un récit hilarant et plein de fraîcheur, une chronique familiale au quotidien riche en rebondissements, en plus d'un témoignage détaillé et passionnant sur la faune et la flore de Corfou dans les années 30. On passe un moment agréable en compagnie de cette famille excentrique et attachante.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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