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Citations sur Trilogie de Corfou, tome 1 : Ma famille et autres ani.. (16)

Ce livre est le récit d’un séjour de cinq années que j’ai fait avec ma famille dans l’île de Corfou. Je le voyais, à l’origine, comme un exposé légèrement nostalgique sur l’histoire naturelle de l’île, mais je commis la grave erreur d’y introduire les membres de ma famille dès les premières pages. Une fois sur le papier, ils s’y installèrent et invitèrent divers amis à partager avec eux les chapitres suivants. C’est avec la plus grande difficulté et grâce à beaucoup d’astuce que j’ai réussi à leur arracher quelques pages et à les consacrer aux animaux.
Je me suis efforcé de faire des membres de ma famille un portrait fidèle et sans exagération. Ils apparaissent tels que je les ai vus. Pourtant, pour expliquer certains aspects curieux de leur comportement, il me faut dire qu’à l’époque où nous étions à Corfou, nous étions tous jeunes : Larry, l’aîné avait vingt-trois ans, Leslie dix-neuf et Margo dix-huit. J’étais le plus jeune : j’avais dix ans, âge impressionnable et tendre.
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– Mais mon chéri, il est absurde d’inviter des gens quand on sait qu’il n’y a pas de place.
– Je voudrais que tu cesses de chercher des complications, dit Larry d’un ton irrité. Il y a une solution très simple.
– Laquelle ? demanda Mère, soupçonneuse.
– Eh bien, si la villa n’est pas assez grande, cherchons-en une qui le soit.
– C’est ridicule ! Déménager parce qu’on a invité quelques amis !
– L’idée me paraît parfaitement sensée. C’est la solution évidente.
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J’aimerais rendre un hommage particulier à ma mère, à qui ce livre est dédié. Tel un Noé plein de douceur, enthousiaste et compréhensif, elle a su gouverner son navire plein d’une étrange progéniture à travers les orages de la vie avec une grande habilité, sous la menace d’une mutinerie toujours possible, et au milieu de dangereux écueils (fonds en baisse et extravagances diverses), sans être jamais certaine que sa conduite serait approuvée par l’ équipage, mais convaincue qu’on lui reprocherait tout ce qui tournerait mal. Il est miraculeux qu’elle ait survécu au voyage, mais elle s’en est pourtant tirée et, qui plus est, avec sa raison plus ou moins intacte. Comme mon frère Larry me le fait à juste titre observer : nous pouvons être fiers de la façon dont nous l’avons élevée : elle nous fait honneur .
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C'est à la villa blanche que je nouai des liens intimes avec les mantes. Jusque là, je les avais vu rôder à travers les myrtes, mais je n'y avais jamais prêté grande attention. Elles m'obligeaient maintenant à les remarquer, car, sur le sommet de la colline où se trouvait la villa, il y en avait des centaines, dont la plupart étaient beaucoup plus grandes que celles que j'avais vues auparavant. L'air dédaigneux, elles restaient accroupies sur les oliviers, parmi les myrtes, sur les feuilles vertes et lisses des magnolias et, le soir, elles convergeaient vers la maison, bruissant à la lumière de la lampe, leurs ailes vertes brassant l'air comme des roues des anciens bateaux à aube, pour se poser sur les tables ou sur les chaises, tournant la tête de tous côtés à la recherche d'une proie et nous regardant avec leurs yeux bulbeux. Je ne m'étais jamais rendu compte jusqu'alors que les mantes pouvaient être aussi grosses. Certaines d'entre elles avaient jusqu'à douze centimètres de long. Ces monstres n'avaient peur de rien et attaquaient sans hésiter des proies plus grosses qu'eux-mêmes. Les mantes semblaient croire que la maison étaient leur propriété et les murs et les plafonds leur terrain de chasse légitime. Mais les geckos, qui vivaient dans les crevasses des murs du jardin, avaient la même impression, de sorte que mantes et geckos se faisaient constamment la guerre. La plupart des batailles étaient de simples escarmouches entre des individus des deux tribus, mais, comme ils étaient généralement de force égale, elles ne tiraient jamais à conséquence. De temps à autre, cependant, le spectacle valait vraiment d'être observé. J'eus la chance d'assister aux premières loges, à un tel combat, qui commença au-dessus de moi pour se terminer sur mon lit (p. 260).
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My childhood in Corfu shaped my life. If I had the craft of Merlin, I would give every child the gift of my childhood.
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LORSQUE L’ÉTÉ TOUCHA À SA FIN, je me trouvai une fois de plus, à ma grande joie, sans précepteur. Mère avait découvert, ainsi qu’elle l’exprimait avec délicatesse, que Margo et Peter avaient « trop d’affection l’un pour l’autre ». Comme, à l’unanimité, la famille se refusait à voir en Peter un futur gendre ou beau-frère, il fallait évidemment faire quelque chose. Leslie suggéra d’abattre Peter d’un coup de revolver, idée qui ne fut pas retenue. Pour ma part, je la trouvais magnifique, mais je représentais la minorité. Larry, lui, proposa d’envoyer l’heureux couple vivre à Athènes pendant un mois, afin, expliqua-t-il, de les guérir de ce caprice.Mère s’y opposa catégoriquement et, finalement, congédia Peter, qui disparut furtivement. Nous eûmes à faire face à une Margo tragique, éplorée, pleine d’une farouche indignation, qui, vêtue pour la circonstance de ses vêtements les plus sombres, joua magnifiquement son rôle. Mère l’apaisa et l’abreuva de douces platitudes, Larry lui fit un cours sur l’amour libre et Leslie, pour des raisons connues de lui seul, décida de jouer le rôle du frère outragé.Il ne cessait de brandir un revolver et de menacer d’abattre Peter comme un chien s’il remettait les pieds dans la maison. Au milieu de tout cela, Margo pleurait et nous affirmait que sa vie était finie. Spiro, qui avait le goût des situations dramatiques, passait son temps à pleurer avec elle et postait ses amis le long des docks pour s’assurer que Peter ne tenterait pas de revenir dans l’île. Tout le monde s’amusait beaucoup.
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L'été devenant de plus en plus chaud, ramer jusqu'à la baie réclama bientôt trop d'effort et nous décidâmes de munir la « Vache Marine » d'un moteur hors-bord. Cela nous permit de nous aventurer beaucoup plus loin, vers des plages désertes, dorées comme les blés. C'est ainsi que je découvris l'existence d'un archipel d'îles éparpillées sur des kilomètres, les une relativement grandes, les autres n'étant que de gros rochers coiffés d'une perruque de verdure.

(p. 150, Stock, 1965)
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- Je vous demande un peu ! N'est-il pas insensé que les générations futures soient privées de mon oeuvre simplement parce qu'un idiot aux mains calleuses a attaché cette bête puante près de ma fenêtre ? dit Larry.
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Je me pris d'affection pour ces scorpions. C'étaient, somme toute, des animaux plaisants, sans prétention et qui avaient des moeurs charmantes. Pourvu que l'on n'eût pas de geste déplacé ou maladroit, les scorpions ne montraient aucune hostilité, leur seul désir étant de se cacher au plus tôt. Ils devaient me considérer comme un fléau, car j'étais sans cesse en train de soulever des fragments de plâtre pour les observer, ou pour les capturer. Je découvris ainsi qu'ils mangeaient des mouches bleues (même si la façon dont ils les attrapaient resta toujours pour moi un mystère), des sauterelles, des phalènes et des chrysopes. Plusieurs fois, je les surpris en train de s'entre-dévorer, coutume qui me paraissait affligeante chez une créature si bien élevée (p. 173).
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Quelques jours plus tard, de petits nuages blancs ouvraient leur parade d’hiver. Ils s’attroupaient dans le ciel, moelleux, joufflus, échevelés et, les poussant devant lui comme un troupeau de moutons, le vent se levait. D’abord, il était tiède et s’élevait en bouffées légères, effleurant les feuilles des oliviers qui prenaient des tons argentés, berçant les cyprès qui ondulaient doucement et soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnaient en de petites danses joyeuses. Avec enjouement, il ébouriffait les plumes des moineaux, qui frissonnaient et gonflaient leur jabot. Il se jetait avec avertissement sur les mouettes, qui arrêtées en plein vol, devaient courber leurs ailes pour lui résister. Les volets se mettaient à claquer et les portes à cogner. Mais le soleil brillait encore, la mer restait paisible et les montagnes gardaient un air serein sous leur chapeau de neige. Pendant une semaine environ, le vent jouait ainsi avec l’île. Puis survenait une accalmie, quelques jours de paix étrange.Et soudain, au moment où l’on s’y attendait le moins, le vent revenait. Mais c’était un tout autre vent, furieux,mugissant, hurlant, qui se jetait sur l’île et essayait de la pousser à la mer. Le ciel bleu se couvrait de nuages gris, la mer se colorait d’un bleu profond, presque noir, et s’incrustait d’écume. Comme de sombres balanciers, les cyprès oscillaient et se découpaient dans le ciel et les oliviers, qui, tout l’été, avaient un air paisible de vieux sorciers, étaient gagnés par la folie du vent, mais c’était une pluie chaude et agréable sous laquelle on pouvait marcher, dont es grosses gouttes crépitaient
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