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Critique de AMR_La_Pirate


Ma douzième lecture dans le cadre de cette session de rentrée littéraire 2018 des 68 premières Fois : le Fou de Hind de Bertille Dutheil

C'est un roman déroutant.
J'ai apprécié l'ambiance, la solidarité de la communauté d'immigrés décrite, la complexité des familles recomposées, le poids du passé douloureux…
Je suis rentrée dans l'écriture polyphonique, j'ai voulu moi aussi avancer dans le jeu de piste proposé, percer le mystère autour de Hind, noeud thématique du récit, personnage éponyme reprenant vie dans les souvenirs de celles et ceux qui l'ont connue. J'ai été sensible au tragique de ce livre, au destin des protagonistes.
Je me suis laissée endormir et porter par les longueurs du récit, sans doute parce qu'elles différaient le dénouement que je sentais inexorable…
Je me suis identifiée à Lydia, la fille à la recherche du passé de son père, immigré algérien en France dans les années 1970, qui vient de décéder en 2011 en lui laissant une étrange lettre où il s'accuse de la mort d'une personne innocente.
En moi, l'ancienne joueuse d'échecs a su lire les métaphores liées à ce jeu et en saisir toute la portée, dans la diagonale du fou, par exemple, et une forme de folie dans la partie qui se joue entre Hind et son père adoptif.

Voilà un livre très bien écrit, des personnages travaillés, que l'on suit de l'enfance, à l'adolescence et jusqu'à l'âge adulte… C'est un parcours initiatique très intéressant, particulièrement fouillé. Il y a un vrai travail de recherche en amont de l'écriture, sans doute en rapport avec les études de l'auteure et aussi un vaste univers romanesque avec l'énigme à résoudre et le milieu du lupanar clandestin et la grand-mère russe.
Et pourtant, quelque chose m'a gênée, m'a laissé un goût amer. C'est difficile d'en dire plus sans divulgacher des éléments importants de l'intrigue. J'ai d'abord eu du mal à m'approprier un univers référentiel que je ne connaissais pas, sur l'amour qui doit être caché, car le roman porte en filigrane un poème algérien ancien. Mais, j'ai surtout été sensible au lien de filiation généré par l'adoption de Hind par Moshin, lien indéfectible et irrévocable selon la loi, fragilisé par des sentiments réciproques mais ambigus, mis en mots à travers la parole des autres, dans une spirale de non-dits de plus en plus pesante. Il y a ici une dimension tragique au sens classique, provocant horreur et pitié, dont je vais garder le souvenir.

Un roman complexe, qui interroge.
Un roman qui sort du lot, qui peut ne pas plaire, mais dont on se souviendra.
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