La réputation

La réputation dont il est question dans le titre, c'est celle de Torberg, accusé du meurtre de sa femme, blanchi par la justice au bénéfice du doute, mais que la rumeur s'obstine à désigner coupable. A moins qu'il ne s'agisse de celle de l'épouse décédée, dont chacun semble vouloir préserver la mémoire. Brynjar, leur fils, va tenter de comprendre l'enchainement des faits en interrogeant tour à tour toutes les personnes qui, de près ou de loin, sont liées à la mort de la mère, et qui souvent taisent certaines choses depuis de nombreuses années. Au fur et à mesure des rencontres, la trame se reconstruit, et le lecteur commence à comprendre. On finit même par en apprendre plus que n'en sait Torberg, dont on pensait pourtant initialement qu'il détenait la clé du mystère. C'est une histoire de secrets, de rumeurs, de réputation, de sentiment de culpabilité, de non-dits, sur fond de huis clos rural assez étouffant où chacun observe chacun au détour d'un chemin. Ça fonctionne sacrément bien ! On y trouve aussi une intéressante réflexion sur la paternité et la maternité ("subtiles résonances oedipiennes" dit la 4è de couv), puisque le père n'est pas le père (c'est un secret de polichinelle), et la mère n'est pas celle qu'on croit. Au final, Brynjar découvre bien plus que la vérité sur la mort de sa mère : il découvre qui sont vraiment ses parents. Ça ressemble à une enquête policière, ça en a bon nombre des codes, mais c'est plutôt une enquête psychologique ou sociologique.