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Critique de finitysend


Voici un travail solide, ancien et toujours très riche d'enseignements méthodologiques et d'enseignements sur le fond.
Sur la Gaule et ses divinités il existe deux sources. L'archéologie et ensuite les textes ,un peu de Strabon et beaucoup de César dans la guerre des Gaules. Les fouilles livrent une foule d'informations comme le plan original des sanctuaires, une iconographie symbolique figurative ou non, de l'épigraphie .Les documents archéologiques livrent aussi des informations sur les attributs des divinités et les sources littéraires (y compris les textes celtiques insulaires) ajoutent du sens. Cette monographie s'attèle à tempérer magistralement l'abus patent de l'idée de syncrétisme religieux systématique qui aurait été le fait des gallo-romains.
César et beaucoup de ses contemporains avaient tendance à fondre relativement sommairement des divinités étrangères les unes avec les autres (latines ,grecques ,celtes et autres) en un tout cohérent d'apparentement non stricte sur le fond et sur des bases strictement analogiques et partielles.
La démarche analogique des anciens n'était pas méprisante bien que simplificatrice .Elle partait d'un désir d'intelligibilité et de mettre partout un sens plus commun et de mettre des mots sur des réalités qui devenaient ainsi plus partageables permettant à un langage cultuel de fonctionner sur un mode plus universel.
D 'un point de vue ethnique et local sous ces dénominations aux allures faussement syncrétiques les réalités religieuses restaient absolument diverses et orthodoxes par rapport au corpus celtique pour ce qui était de la Gaule. La Gaule est d'ailleurs un pôle totalement indispensable pour ce qui est de définir et de comprendre les religions celtiques dans leur ensemble.
Ce travail laisse de côté l'examen des cultes du point de vue des rituels et il fait abstraction du druidisme aussi. le but de l'ouvrage est de fournir un aperçu des entités divines du territoire celtique gaulois qui est foisonnant mais aussi avec quelques grandes figures. L'auteur reste au plus près des aspects fonctionnels des divinités en examinant leur attributs spécifiques et en se réfèrent à des comparaisons et croisements de sources variées. La conformité celtique de la religion gauloise est ici restaurée et cela souligne que les emprunts étrangers et les syncrétismes existaient mais sur un mode marginal. Par exemple à mon humble avis dans les Civitas pour les cultes civiques politisés invoquant des concepts de droits romain pour les colonies romaines et pour les cités reconnues associées par l'état romain.
Ce travail aux bases solides et fondamentalement toujours pertinentes dans les détails , permet de s'orienter dans un monde foisonnant de complexité et difficile à décrypter. Il permet de saisir aussi l'interaction de données divines en rapport avec les divinités celtiques continentales ,les divinités mixtes et les divinités absolument étrangères mais intégrées à la vie religieuses locale .
L'auteur démontre que certains aspects non anthropomorphiques des divinités gauloises ont perduré et que la nature ambivalente de beaucoup de divinités s'est maintenue. Les dieux sont souvent des êtres en partie humain et en parie animal. L'iconographie est difficile à appréhender parce que certains aspects peuvent simplement évoquer des attributs divins ,mais aussi ils peuvent se référer plutôt à une nature divine autre et spécialisée en même temps qu' à une identité fondamentalement hors genre humain et ceci en dehors de toute spécialisation. Les allures anthropomorphiques des représentations sont donc à relativiser car c'est un être en dehors du cadre anthropomorphique qui est adoré sauf cas particulier. L'aspect naturel de la religion gauloise a perduré, les éléments naturels sont restés des vecteurs importants du numineux local. Les amalgames iconographiques celto-romains ont perdurés très longtemps au point qu'ils sont à l'origine d'un bestiaire romano-gothique très fidèle à ces références antiques gallo-romaines.
Les gaules révèlent un paysage religieux foisonnant et une vie sacrée intense et très diversifiée d'un point de vue micro. Il y a des sources historiques aux racines très profondes dans les cultes locaux et dans celui des grandes divinités qui ont une longue histoire plurielle et qui ont des aspects fusionnels anciens avec une réalité proto-celte. L'apport religieux latin est visible et il affecte assez marginalement les cultes et les êtres sacrés, tout en ayant une grande importance dans le nouveau langage iconographique de la gaule romaine devenu plus anthropomorphique mais avec une manière assez naïve et sommaire pour ce qui est des aspects anthropomorphiques dans les représentations humanisées.
Je cite l'auteur : »La statuaire n'existait guère dans la gaulle pré-romaine et les druides n'écrivaient pas.». En effet les druides et le clergé en général, les bardes non plus ,ne mettaient pas à l'écrit les aspects concernant le culte ,le domaine religieux en général et mêmes d'autres aspects comme les contrats et épopées. Il semble que la parole ait eu une portée magique qui interférait négativement avec le geste d'écrire et avec ses conséquences. Donc pas de traité religieux gaulois et même gallo-romains ,même si il y a un nombre très conséquent d'inscriptions gauloises l'apport religieux de cette documentation épigraphique est assez mineur, sauf de rares cas particuliers.
Pour conclure je vous rassure ,le dieu tribal Teutatès, celui d'Astérix, était bien un dieu suprême et même un dieu très respectable et très puissant. Il était de ce fait tout à lait capable d'empêcher le ciel de tomber sur la tête de nos chers amis gaulois !
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