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Critique de gatsbi


Il y a dix ans tout juste s'éteignait le regretté Philippe Ébly. Cela faisait longtemps que je caressais l'idée de replonger dans son oeuvre. C'est chose faite !

Si Philippe Ébly n'est plus guère édité (mais allez voir du côté des éditions Temps Impossible), il a eu son heure de gloire et fut apprécié à sa juste valeur par une foule d'adolescents, à une époque où la science-fiction semblait comme écartée du catalogue jeunesse. C'est pourtant bien elle qui a fait la renommée de l'auteur belge dans le monde francophone – et même au-delà.
Des récits d'aventures imbibés de science-fiction, c'est la proposition d'Ébly. Une proposition audacieuse à l'époque. Merci Monsieur Ébly d'avoir osé, contre vents et marées :)

Ma note reflète mon ressenti par rapport à tous les « Bibliothèque verte » que j'ai pu lire dans ma jeunesse. Il faut savoir que l'éditeur Hachette imposait aux auteurs de cette collection un cahier des charges draconien... et édifiant. Il y a quelques années j'étais tombé sur un article qui en détaillait les exigences, et il faut avoir cela en tête avant de juger l'écriture d'un auteur, que ce soit sur la forme ou même le fond (il était stipulé de ne pas faire de « vagues », dans quelque domaine que ce fût...).

Comme la majorité des autres séries de la collection, celle-ci peut être lue dans n'importe quel ordre, mais si vous devenez accro comme je l'ai été, il est certain que vous en tirerez davantage de satisfaction à les lire dans l'ordre.

Destination Uruapan.

Ce roman ouvre la longue série des Conquérants de l'Impossible – ma préférée, incontestablement.
C'est assez paradoxal, pour une série consacrée à la SF, de constater que son roman « pilote » n'en comporte aucun élément ! (Tout juste y a-t-il une touche de Fantastique à un moment donné.) Je dirais que cela ajoute au charme. Il y a en réalité une raison assez simple, et si ce genre d'anecdotes vous intéressent, vous en trouvez plein dans la biographie de l'auteur : « Destination Ébly ».

Un roadmovie en mode survie à travers le Mexique.
L'aventure commence avec 3 adolescents : Serge et deux frères (Raoul et Marc) dont il fait la connaissance dans l'aéroport d'une petite ville des États-Unis. Elle finira avec un quatrième protagoniste (le mystérieux Xolotl) à Uruapan... ou pas !
L'aventure est riche en péripéties et le péril est de chaque instant.


Bon, je ne vais pas tourner autour du pot : Ebly a toujours été un phare dans mon expérience de lecteur – et il le demeure.
Cet auteur a un style reconnaissable entre mille (ce qui n'est pas si courant dans cette collection). Je dirais qu'il est un conteur très classique dans sa technique : il maitrise l'art de rendre palpitant des aventures sans recourir à des artifices technologiques, du merveilleux ou de l'extrême. En un mot, il construit des histoires extraordinaires en tissant des intrigues autour de choses tout à fait ordinaires et réelles. Il y parvient en exploitant principalement les sentiments humains, leurs rapports. Ainsi, la psychologie des personnages (principaux mais aussi secondaires) joue un rôle de premier ordre dans les intrigues Ebly.

Un exemple parlera mieux : comment notre trio se retrouve-t-il catapulté en 15 pages en plein désert  (l'exposition) ? Un auteur standard se serait contenté de relater les évènements. Ebly, lui, raconte l'histoire sous le prisme de la perception psychologique : l'immersion est garantie quand Serge se rend compte peu à peu de leur naïveté, quand il ressent la colère, la peur et l'impuissance, quand il perçoit l'intelligence et la dangerosité du « détective ».

Ce n'est bien sûr pas le seul trait de son style. L'auteur maitrise les principaux mécanismes du récit, notamment le fait de faire courir des intrigues en distillant les indices au compte-gouttes (sans doute le fait-il de manière un peu trop visible, mais cela ne m'a jamais marqué dans ma jeunesse, et puis cela fait peut-être partie du fameux cahier des charges de la collection...).


Ce roman n'est peut-être pas le mieux noté de la série, et c'est vrai qu'il dissone un peu avec les épisodes suivants. Mais ses particularités en font pour moi tout le charme.

J'ai parlé de l'aspect SF. Il y a aussi l'aspect genèse du trio emblématique de la série (Serge, Xolotl et Thibaut) (que viendra compléter Souhi plus tard).
Ce premier roman est particulièrement émouvant en ce qu'il consacre la venue de Xolotl, et de la plus belle des manières. La future amitié entre Serge et Xolotl (qui cimente quelque part la crédibilité de la série) ne peut être totalement comprise qu'à l'aune du secret qu'ils vont partager.

Enfin, avec Destination Uruapan, l'auteur a réalisé, à ma connaissance, le plus vibrant hommage (toutes littératures confondues) à un certain thème... que je ne peux donner sans gâcher une bonne part de l'intérêt, mais si vous souhaitez malgré tout en savoir plus, consultez simplement l'étymologie du prénom Xolotl...
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