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Critique de Bookworm84


J'attendais avec beaucoup d'impatience ce nouveau roman de Élisabeth Ebory. Elle figure parmi mes autrices préférées depuis ses premières parutions chez les regrettées éditions Griffe d'Encre. Avec La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée, elle continue de me ravir, comme à chacune de ses publications. Cette lecture a, par ailleurs, marqué pour ma part la fin d'une panne de lecture. J'ai en effet lu ce roman dans des circonstances personnelles particulières.

Marcus quitte l'Angleterre de 1910 pour accompagner son amie Orégane, une fée, dans le Sidh. le voilà précepteur des enfants de Madame, fée des morts. À ses côtés, nous explorons Corifaè, la ville sur laquelle règne Sean, le Roi-Fée, et qui, la nuit, devient le terrain de jeu du marchand de sable. Mais les choses ne sont pas aussi magiques qu'on pourrait le croire : Sean cache de sombres secrets, Orégane doit faire face à son passé, le brouillard-qui-rit menace l'équilibre fragile de Corifaè, à moins que ce ne soit un autre ennemi, plus retors… et Marcus, tout à sa quête, a lui aussi fort à faire !

J'ai adoré ce roman. Elisabeth Ebory compose ses courts chapitres comme une mosaïque, on progresse ainsi dans l'intrigue par fragments, jusqu'à la dernière partie, où les événements prennent une telle ampleur, un tel impact émotionnel, que je n'ai pas pu le lâcher avant d'en avoir tourné la dernière page, le coeur serré, en dépit de l'heure tardive.

J'ai adoré suivre Marcus, Orégane, Madame, Sean, Juno, le marchand de sable. Chacune des apparitions de ce dernier, d'ailleurs, était un ravissement (c'était mon personnage préféré, mais j'avoue les avoir tous aimés). Je ne sais si c'est lié, d'ailleurs, mais il s'avère qu'après des mois d'insomnies, je n'ai retrouvé un sommeil digne de ce nom qu'en lisant ce livre, chaque soir. Comme si les étoiles semées par le marchand de sable soignaient petit à petit mon sommeil cabossé par le chagrin.

Car, bien que le deuil ne soit pas un thème majeur du roman (encore que, entre les fées des morts et les enfants spectres sans repos, il apparaît tout de même en filigrane), lire ce roman m'a fait du bien. C'est un roman qui évoque plusieurs thèmes – trouver sa place, surmonter ses démons intérieurs, prendre soin des liens qui nous unissent à ceux qui nous sont chers, et bien d'autres – mais, à mon sens, celui de la perte et du deuil en est un autre.

Mention spéciale, aussi, au personnage de Madame. Mère célibataire (je n'ai pas vu l'ombre d'une figure paternelle) de deux enfants, fée des morts, membre du conseil de Corifaè, j'aimerais plus souvent voir des personnages comme elle.

Comme je le disais, j'ai aimé tous les personnages de ce roman : Madame, qui assume de nombreuses responsabilités ; Orégane qui doit affronter ses démons pour avancer ; Marcus en quête d'un amour inconnu et qui va trouver bien plus que cela ; Sean le Roi-Fée si fuyant et pourtant, aux motivations claires ; le marchand de sable, à la fois solaire et pourtant confronté à des âmes sans repos, et bien d'autres. On sent, au fil des phrases, toute la tendresse de l'autrice pour ses personnages, une tendresse que l'on partage sans retenue.

La plume d'Elisabeth Ebory est toujours aussi ensorcelante. Lyrique, elle fait appel à nos sens (notamment l'odorat et le goût), offrant des comparaisons aussi imagées que poétiques. Les phrases possèdent une vraie musique, comme un sortilège, et une pointe d'humour enveloppe certaines. J'en ai noté plusieurs, et en noterai d'autres lors de mes relectures.

Vraiment, une pépite de la rentrée littéraire de l'imaginaire, que j'ai savourée soir après soir, et dans laquelle je me replongerai avec plaisir, à l'occasion. Lisez-le.
Lien : https://lullastories.wordpre..
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