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Critique de Lhotseshar


L'ouvrage se présente sous la forme d'un gros pavé, dans cette fameuse collection ayant pour but de faire (re)découvrir un livre 100 ans après sa sortie originale. le livre est particulièrement beau et soigné au niveau de l'édition, avec du papier très dense, des illustrations, une magnifique couverture noir et blanc rehaussée de dorures du plus bel effet. Derrière deux rabats en page 2 et en 3ème de couverture se cachent la carte du monde et la carte de la Démonie, cartes qui seront particulièrement utiles pour suivre les pérégrinations des personnages. L'ouvrage aurait été encore plus mythique avec une couverture en dur, mais je pinaille.

L'histoire nous plonge très vite dans un monde médiéval fantastique, dominé par la nation de Sorcerie, qui a conquis ou asservi tout ce que l'on trouve sur cette terre, exceptée la Démonie, terre de guerriers légendaires qui veulent rester indépendant. le roi Goricé XI joue donc l'annexion de la Démonie lors d'un duel contre Goldry Bluszco, un redoutable combattant démon… et perd, à la fois le duel, la vie, et donc sa domination sur un grand territoire. Les démons rentrent chez eux, mais le roi Goricé XII, successeur automatique et mauvais perdant, utilise une vile magie pour déclencher une tempête sur la mer, brisant les démons, et exilant Goldry Bluszco quelque part perdu dans le temps et dans l'espace. Afin de se venger de la Sorcerie, les démons tentent d'attaquer par surprise Carcé, capitale de Sorcerie, avant d'être battus et emprisonnés. C'est le point de départ déjà assez dense d'une succession d'aventures, rencontres et batailles qui vont surtout permettre de suivre les agissements des démons, en particulier messires Juss, roi de Démonie et frère Goldry Bluszco, et de Brandoch Daha, ami de Juss et guerrier redoutable.

Autant le dire de suite, les démons, habitants de Démonie, sont tout autant des humains que les kobolds, qui vient en Koboldie, ou les gobelins en Gobelinie ! Et la Sorcerie n'est pas peuplée de sorciers au sens premier du terme. le monde possède bien quelques créatures fantastiques, goules, manticores, mais elles sont très rares, et il s'agit surtout d'humains qui se tapent dessus. En jeu de rôle, on parlerait plutôt d'un univers « low fantasy », la magie ayant une place très limitée. Par contre, l'ouvrage est centré sur la destinée d'un certain nombre de personnages très puissants, qui survivent à moultes batailles. Dans les deux camps on suit les agissements de héros véritables, la plupart très chevaleresques (genre famille Stark dans Game of throne) et très peu d'intrigants. C'est plutôt manichéen, même si côté Sorcerie certains méchants se distinguent par leur sens de l'honneur et du devoir envers leur souverain. Leur mort est presque aussi émouvante que celle des « gentils » démons.

Les personnages sont haut en couleurs, et représentent les archétypes de tout ce qui existera en fantasy avant le milieu des années 90 : les héros hommes sont forts, dans de belles armures, avec des armes légendaires. Les femmes sont toutes magnifiques (enfin pour les 3 ou 4 bien décrites), fidèles ou intrigantes (pas trop de nuances dans ce livre). Les batailles sont toutes de niveau 50, comprendre batailles de masse avec quasi annihilation d'une des armées en présence à chaque fois, au point que l'on finit par se demander d'où sortent les combattants de la prochaine bataille. La plupart sont assez visuelles, certaines racontées par un messager, d'autres sont suivies par une caméra survolant l'ensemble des combats. C'est très varié, et la demi-douzaine de grosses bastons du livre arrive à se renouveler, même si au bout d'un moment cela devient prévisible : démonie 1-0 sorcerie est forcément suivie de démonie 1-1 sorcerie…

On trouve plusieurs procédés narratifs qui semblent assez datés, mais qui fonctionnent encore plus ou moins bien avec notre oeil de lecteur de 2022 : des alternances de descriptions longues et de dialogues, des descriptions jusqu'au détail de l'éclat de tel bijou de telle parure de l'ornement de tel héros jusqu'à plus soif, des passages en vers, des récits racontés en vieux français (j'ai trouvé cela particulièrement difficile à suivre), des chansons. Tout un tas d'éléments que l'on retrouvera quelques années plus tard chez Tolkien en fait. Gros point noir pour moi par contre, on trouve au début de chaque chapitre un résumé de ce qui va suivre, amateur de spoiler vous allez adorer…

J'ai trouvé la diversité géographique assez moyenne, mais je me suis régalé avec les nombreuses descriptions de montagnes, glaciers, et autre pics qui jalonnent les aventures de messire Juss et de Brandoch Daha. La démonie est aussi géographiquement très complexe, mais la carte de fin de livre ne rend pas cette complexité et c'est dommage, de nombreux noms étant cités que l'on ne trouve pas dessus.

Ce livre nous conte donc une épopée, une aventure de fantasy variée, dans un monde un peu trop manichéen mais assez crédible. L'ouvrage fait la part belle aux héros de deux camps qui s'affrontent dans des batailles titanesques, ou qui s'engagent dans des quêtes à la limite du possible. Un ouvrage à l'écriture un peu old school (le livre a quand même 100 ans !!) qui se révèle très agréable si on laisse de côté certaines longueurs, essentiellement dans les descriptions. Aussi intéressant donc pour son côté précurseur en fantasy que pour l'histoire en elle-même.
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