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Critique de Cigale17


Jennifer Egan, prix Pulitzer pour un de ses précédents romans (que je n'ai pas lu) a choisi comme principal cadre à son roman, Manhattan Beach, les docks de New York. L'histoire commence peu de temps après la fin de la prohibition, alors que les effets du krach boursier sont encore très perceptibles, et elle finira à peu près en même temps que la Deuxième Guerre mondiale. En toile de fond, les rivalités des mafias irlandaise et italienne, les compromissions du syndicat des dockers, la corruption de certains flics et politiciens, l'engouement pour les boîtes de nuit où l'alcool coule à flots. Même décor pendant la guerre, mais on y ajoute les femmes qui ont remplacé les hommes dans les ateliers des docks, les réparations de bateaux qui nécessitent plusieurs équipes de scaphandriers, l'effort de guerre, les restrictions, etc.
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Un narrateur à la troisième personne nous permet de suivre essentiellement trois différents personnages : Anna Kerrigan, 12 ans au début du roman ; Eddie Kerrigan, son père, et un propriétaire de nombreuses boîtes de nuit, Dexter Style, parfois sur des plans temporels différents. Anna reste cependant le personnage principal et, même si elle est parfois mise de côté, nous la suivrons jusqu'à ses vingt ans pour la quitter à l'orée de la nouvelle vie qu'elle s'est choisie. La famille d'Anna a connu des jours meilleurs avant le jeudi noir de 1929, mais elle se retrouve dans un petit appartement à Brooklyn. La mère, ancienne girl dans une revue, fabrique maintenant des costumes pour améliorer l'ordinaire. Quant au père… on ne sait trop ce qu'il fait : il porte des colis, des enveloppes, il rencontre des gens… entre autres, Dexter Style, un personnage interlope navigant entre la pègre et la haute société. La soeur d'Anna, Lydia est lourdement handicapée et l'immeuble n'a pas d'ascenseur : toute sortie devient une expédition. Quand Eddie Kerrigan disparaît mystérieusement du jour au lendemain, il faut bien survivre…
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J'ai trouvé ce pavé en 8 parties très intéressant, mais parfois difficile à suivre, parfois longuet… Si le rythme est très enlevé jusqu'à la moitié du récit à peu près, il se ralentit par la suite. En fait, je ne sais trop ce qui m'a fait décrocher à un moment : ce changement de rythme ou le fait que l'on « perde » Anna pendant plusieurs chapitres, certes intéressants, mais dont les personnages sont moins fouillés si l'on excepte celui du père, extrêmement complexe. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un beau roman, qui s'attarde avec justesse sur la difficile condition des femmes à cette époque, sur les préjugés machistes et sur les tentatives d'émancipation de la courageuse Anna qui va choisir d'exercer un métier bien insolite : nous assisterons à tous ses efforts pour devenir scaphandrier, à sa réussite, et au spectaculaire retournement de son supérieur.

Challenge multi-défis # 45
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