La fin du cercle

Winthop fait une drôle de grimace, sans doute destinée à donner l'impression de pensées profondes, mais ne ressemblant, au bout du compte, qu'à une drôle de grimace.

Gert Vikerslatten mesure presque deux mètres. Il est maigre comme un clou, c'est à se demander si rester en équilibre ne lui demande pas un effort de concentration. Non sans ressemblance avec un échassier.

Sa queue-de-cheval est si serrée que ses traits en sont tirés, comme si elle avait subit plusieurs opérations ratées chez un chirurgien alcoolisé de Chelsea. Elle porte un tailleur ajusté rouge. Elle est le genre de femmes dont j'imagine qu'elles s'adonnent peut-être aux joies du sadomasochisme au creux de la nuit.

Aujourd'hui encore je peux recréer les senteurs de l'enfance. Les champs piétinés un jour de pluie. La glace à la fraise. Les barques en plastique chauffées par le soleil. Le terreau de printemps. Le parfum de maman et l'après rasage de papa. Ces bagatelles qui, dans toute leur insignifiance, forment une mine de souvenirs.

Certaines femmes ont un magnétisme qui me va droit à l'hypophyse.

Un liquide s'écoule lentement dans les méandres d'un tuyau qui pend d'une poche de perfusion, au dessus du lit, jusqu'à mon sang. Sérum de vérité? me dis-je. Du penthotal pour graisser les plaquettes de frein de l'esprit.

La vie est un cercle. Le début et la fin de la vie sont enchaînés en un point que les religions exploitent autant qu'elles le peuvent.

On peut dire que le christianisme a deux fondateurs: Jésus avec sa chaleur et son enseignement en définitive simple. Et puis Paul, qui a transformé Jésus en un personnage mythologique, divin et qui a enrichi son enseignement de dimensions abstraites religieuses et spirituelles.

Les évêques ont vigoureusement débattu de ce qui serait inclus dans la Bible. Le recueil de textes qui constitue la Bible actuelle a été reconnu lors des conciles de Rome en 382, Hippone en 393 et Carthagène en 397. Ce n'est sûrement pas Dieu qui a rédigé la Bible.

- Jésus est né à une époque turbulente. On a usé et abusé de son enseignement. De nombreuses communautés chrétiennes primitives n'insistaient nullement sur la mort de Jésus et sa Résurrection. Elles le voyaient comme un leader fédérateur. Une sorte de Lénine ou Che Guevara. Tandis que d'autres se concentraient exclusivement sur la crucifixion et l'Ascension pour quasiment faire l'impasse sur le Jésus historique.