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Critique de anabelle


DAVE EDGERS – LE GRAND QUOI – GALLIMARD
Dans ce long roman Valentino, jeune réfugié Somalien aux Etats-Unis, raconte sa vie.
Enfant, il fit partie de ces milliers « d'enfants perdus » qui ont traversé la Somalie à pied, jusqu'en Ethiopie, fuyant les combats, le massacre et l'agonie de leur peuple. Une marche dans le vide et la cruauté sur des milliers de kms.
Une longue route sur laquelle ils voient tomber nombre de leurs compagnons d'une troupe qui grossit tous les jours, croisent des hordes de soldats ne sachant plus parfois les ordres, aidés par des mirages leurs seuls vrais compagnons d'arme, se réfugient pour 1 heure dans le giron d'une mère sans enfants, marchent parfois plusieurs jours sans dormir, sans manger ni boire, devant âprement négocier et monnayer la moindre graine. Quand ils trouvent finalement leurs premiers camps de réfugiés, ceux-ci s'avèrent de véritables réservoirs d'embrigadement, et la troupe doit fuir.
Au bout du compte, il passera 13 ans de sa vie dans des camps, d'où il pourra grâce à des programmes humanitaires émigrer vers les Etats-Unis. Il faillit ne jamais pouvoir s'envoler, son avion devant partir le 11 septembre 2001. Finalement, avec le soutien sans faille d'un parrain, il reconstruit peu à peu sa vie.

C'est un livre profond, où l'on voit un enfant se battre mentalement pour sa survie, y compris aux Etats-Unis quand il faillit mourir dans un cambriolage raciste.
Une construction originale, avec des AR entre le passé et le présent, où l'on reçoit la parole de Valentino en pleine figure quand il s'adresse mentalement aux gens qu'il croise et raconte sa vie.
C'est ainsi le moyen de sa survie : il parle silencieusement aux autres, une manière de les regarder droit dans les yeux.

C'est un livre que l'auteur a construit avec le vrai Valentino, dans le cadre de longs entretiens. Pratiquement une biographie donc, mais dont la part romancée a une importance fondamentale car elle nous permet à nous lecteurs un retrait salvateur.
Valentino existe vraiment et a créé une fondation d'aide à la reconstruction de la Somalie et du Darfour, également aux réfugiés soudanais aux Etats-Unis.
« Losrque Dieu a créé la terre, il nous fit d'abord, nous le peuple des Monyjang. Il fit du premier homme la plus grande et la plus forte créature de la terre. Il lui donna une femme magnifique, la plus belle sur terre. Quand Dieu en eut terminé et que les Monyjang furent sur terre à attendre ses instructions, Dieu s'adressa à l'homme : « Maintenant que tu es là, sur la plus sacrée et la plus fertile des terres je peux te donner encore une chose. Une créature : une vache. Dieu donna donc à l'homme le bétail, un troupeau magnifique, exactement comme le souhaitaient les Monyjang. L'homme et la femme l'ont remercié du cadeau : ils savaient que les bêtes leur procureraient du lait et de la viande ainsi que la prospérité. Mais Dieu n'en n'avait pas fini. Il ajouta : « Choisis entre ce troupeau, qui est mon cadeau, et le Grand Quoi. »Le premier homme leva la tête vers Dieu et demanda ce que pouvait bien être ce grand Quoi. Dieu répondit à l'homme : « je ne peux pas te le dire mais il faut que tu choisisses entre le bétail et le Quoi ». L'homme et la femme avaient le troupeau sous les yeux. Ils savaient qu'avec ces bêtes il vivraient bien. Que pouvaient-ils espérer de plus ? L'homme et la femme trouvaient stupide d'abandonner ce troupeau pour le Quoi. L'homme opta pour le bétail. Dieu testait l'homme pour voir s'il se rendait compte de qui lui avait été donné, s'il savait se satisfaire de cette générosité plutôt que de l'échanger avec une énigme. »
Mais qu'est ce que le grand Quoi ? Quel est le dessein de Dieu pour Valentino ? Des questions qui, au bout du compte, hantent tout le roman et auxquelles nous lecteurs cherchons à répondre sans relâche
Anabelle
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