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Critique de steppe


Après avoir lu une majorité de critiques dithyrambiques plus alléchantes les unes que les autres, du genre : "lire "Le Seigneur des porcheries" et mourir".... Après avoir bien compris qu'il y avait un "avant" et un "après" Tristan Egolf -selon certains-, et après avoir appréhendé pleinement le : "il y a ceux qui l'ont lu et les autres"(d'après les mêmes certains cités plus haut), je me décidai enfin à mettre mon nez dans ce présumé chef-d'oeuvre sans, je l'avoue, arriver à me défaire d'un soupçon de scepticisme face à cet enthousiasme général...

Et me voila donc ce soir, obligée, à mon corps défendant, de reconnaître que rien de ce que j'ai pu lire de si élogieux n'était usurpé...

Quel voyage mes amis ! Oui, vraiment... quelle lecture !
J'en suis encore toute retournée.

Certains parlaient du cap des cinquante premières pages, un peu trop denses, un peu rébarbatives. Pour ma part, dès les premières lignes j'ai été complètement envoûtée par le style hyper réaliste de Mr Egolf.
Ça veut dire quoi un style hyper réaliste ?... Juste que l'écrit a assez de rythme pour raconter "en temps réel" sans toutefois négliger le fonds du tableau. Juste que l'écriture suit le tempo de l'action, ralentit ou accélère selon l'intrigue.
Ainsi de certaines phrases pouvant faire 20 lignes, on passe à de courts échanges, vifs, rapides, on suit, ou pas.... On ne s'ennuie jamais en tout cas.

Donc Tristan Egolf nous parle du midwest américain.
Il nous livre une cruelle étude des moeurs et coutumes des habitants du coin. Certes on soupçonne quand même un brin de caricature mais peu importe, on est un lecteur avisé et donc on sait faire la part des choses...
Mais surtout, et c'est là le tour de force du livre, malgré la démesure, malgré les nombreux " nan! c'est pas possible!!!" on y croit dur comme fer et on adhère à cent pour cent au combat de notre héros.
Et quel héros !
Car c'est lui, ce John Kaltenbrunner...., qui tient le livre à bout de bras et nous amène à épouser sa cause. C'est lui qui nous apparaît à chaque page comme la pierre d'angle de l'édifice.
Et c'est encore lui qui nous donne l'émotion finale...

Que dire sans rien dévoiler ? Ici, c'est difficile... Alors, juste ça : " Allez-y, foncez, vous avez soif de destins atypiques, vous rêvez de révoltes, vous n'en pouvez plus des beaufs ni des blaireaux, vous fantasmez à longueur de journée sur le thème : "comment prendre l'avantage sur le boss ? ", alors allez-y, lisez "Le seigneur des porcheries" et jamais, jamais vous ne verrez plus la vie de la même façon.

Ce livre est un petit bijou. L'histoire en soi n'est pas si passionnante mais grâce à l'écriture acérée et si justement balancée entre drame et ironie, elle devient palpitante. L'humour proche du cynisme réjouit et nos sens et notre esprit. Car malgré la noirceur de l'histoire, on sourit beaucoup, on rit même....
Une pépite, une expérience, une réputation nullement usurpée.

Et l'émotion à chaque page qui nous étreint, qui nous agite... Et le bien. Et le mal. Et l'histoire de la frontière entre l'un et l'autre.
A jamais John Kaltenbrunner, tu resteras un héros, l'espoir des malmenés, des pauvres, des surexploités, et la mémoire vivante d'une Amérique rurale et ouvrière aux prises avec ses propres démons. le porte parole des "à part", des "anormaux", des différents.

Le libérateur, le pionnier de la révolte, le sacrifié... Sous la plume de Tristan Egolf, tu es devenu et resteras le prophète et le sacrifié...
Salut à toi et à bientôt....
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