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Critique de JMLire17


Ce formidable roman d'Alaa El Aswany se déroule au Caire dans les années 1945-1950, la période pré-révolutionnaire qui entraînera la fin des dominations coloniale et monarchique, puis aboutira à l'arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser. Abdelaziz Hamam est d'une noble famille de Haute Egypte, ruiné, il est obligé de vendre sa ferme, pour subvenir au besoin de sa famille, élever et éduquer ses quatre enfants, il s'installe au Caire et devient serviteur à l'Automobile Club d'Egypte, dirigé par un anglais servile, James Wright et supervisé par l'intraitable Chambellan du roi El Kwo, dans lequel le Roi Farouk passe ses soirées à jouer au poker, boire de l'alcool et rencontrer des femmes. Les enfants d'Abdelaziz vont suivre des itinéraires très différents, Kamel étudiant en droit, s'engage dans l'organisation révolutionnaire, Saïd, l'égoïste, ne pense qu'à son profit, Mahmoud se perd dans la débauche, Saliha, la fille brillante étudiante est mariée sous la contrainte à Abdelberr, pour arranger les affaires de son frère Saïd. A travers l'histoire de cette famille et de tous les personnages qui l'entourent, Alaa El Aswany montre la construction des pouvoirs au sein de la société égyptienne de l'époque, le pouvoir des riches sur les serviteurs, le pouvoir de la puissance coloniale sur le pays, le pouvoir des hommes sur les femmes, et celui du souverain sur les courtisans. le décès d'Abdelaziz qui meurt de l'humiliation que lui fait subir le pervers El Kwo, déclenche le mouvement social des serviteurs pour l'abolition des châtiments corporels qui montrent à la fois leur niveau de soumission et de révolte. La construction du roman est géniale, il commence par une pirouette, l'écrivain est chez lui entrain de relire son manuscrit, lorsque 2 personnes sonnent à sa porte, ce sont les personnages de son roman qui viennent lui dire qu'il n'a pas suffisamment tenu compte de leurs sentiments, donc, il accepte des modifications et leurs donne la parole. Ensuite, pour expliquer pourquoi les européens, s'arrogeaient le droit de diriger l'Automobile Club d'Egypte, l'auteur démarre le roman au XIX ème avec l'invention de la voiture automobile par Carl Benz. Chaque chapitre est construit de tel manière que dans les dernières lignes, le lecteur reste en attente de la suite, mais cette suite n'apparaît que plusieurs chapitres plus loin, car entre temps on suit le déroulement d'événements différents, où la vie d'autres personnages. C'est une succession de situations dramatiques, burlesques, sentimentales, de liens familiaux forts où tendus, de rapports de force entre les différentes couches de la société. En situant l'intrigue de ce roman à la fin des années 40, Alaa El Aswany montre combien la construction de la démocratie pour laquelle il est engagé inlassablement, est difficile et semée d'embûches. 630 pages qui se dévorent, et qui permettent de mieux comprendre l'Egypte, et l'islam d'aujourd'hui.
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