AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de frandj


L'auteur a récemment publié ce roman tout à fait remarquable, dont l'intérêt égale celui qu'avait suscité "L'immeuble Yacoubian". Dans les deux cas, l'auteur se concentre sur un microcosme égyptien et, en dépeignant les nombreux protagonistes qui peuplent ces lieux, il esquisse une vaste fresque de la nation toute entière. L'Automobile Club d'Egypte (A. C. E.) a pour président d'honneur le roi lui-même, il est dirigé par J. Wright, un Britannique plein de morgue et il fait travailler des employés de tout rang, y compris de la plus humble origine; un chambellan impitoyable, nommé El Kwo, use et abuse de son pouvoir sur les employés. Avec ce petit monde, Alaa El Aswany déploie une large palette pour évoquer ce pays dans toutes ses composantes. L'action se déroule pendant les dernières années de la monarchie.
D'une manière étrange, ça commence par un prologue où deux des personnages créés par Alaa El Aswany lui apparaissent mystérieusement "en vrai". Ensuite le livre commence un peu poussivement et, au début, le lecteur peut se sentir un peu perdu parmi toutes les personnes qui apparaissent dans le récit et dont il n'a pas encore retenu les noms. Mais, très vite, on entre vraiment dans le roman qui se lit facilement; il a une structure de feuilleton. On suit la destinée d'Abdelaziz Hamam, venu au Caire parce qu'il se retrouvait ruiné, employé au A. C. E. qui, à la suite de diverses péripéties, décède en laissant sa famille dans le besoin. Mais ses enfants jouent un rôle encore plus important, notamment sa fille Saliha, une jeune fille douée qui finit par faire un mauvais mariage, et Kamel, un jeune homme intelligent et fin, qui participe activement à la résistance contre l'occupation britannique de son pays. Mitsy, proche du peuple égyptien (quoique fille de J. Wright), est une belle création de l'auteur. Par ailleurs, les difficultés et les travers de nombreuses autres personnes, jouant un rôle plus secondaire, sont aussi illustrés sans complaisance. Tout en montrant les spécificités de la société égyptienne de l'époque, Alaa El Aswany décrit plus généralement la nature humaine, avec ses grandeurs et ses petitesses.
Le roman est très prenant. Malgré sa longueur, le lecteur ne le lâchera pas car il s'immerge dans le foisonnement orchestré par l'auteur. On pourrait regretter que Kamel et Mitsy apparaissent comme des "héros positifs" trop parfaits; on note aussi l'admiration inconditionnelle du romancier pour le mouvement nationaliste (qui aboutira à la révolution de 1952), mais pourquoi pas ? de mon point de vue, "L'automobile Club d'Egypte" est indiscutablement le nouveau chef d'oeuvre d' Alaa El Aswany.
Commenter  J’apprécie          41



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}