AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Foufoubella


On a souvent parlé du ventre des femmes, sujet de beaucoup de convoitises, de beaucoup de fantasmes, c'est en quelque sorte l'origine du monde. le ventre des hommes, par contre... C'est pourtant ce que va nous raconter Hannah, le ventre de ces hommes, ces mineurs de fond, venus d'ailleurs pour la plupart, pour faire un travail dur, pénible, dangereux. Ce sera surtout l'occasion d'évoquer son père, Marocain, venu en France pour travailler, pour améliorer sa vie, et surtout celle de ses enfants (la narratrice "réussira" d'ailleurs très bien comme on dit, elle, la fille d'immigré qui deviendra professeure de français - un cliché?), lui, le mineur de fond marocain qui n'a pas le même statut que les autres et qui peut être renvoyé au pays du jour au lendemain. Il va se battre, montrer ce qu'il a dans le ventre, justement.

Je ne souhaite pas en dire davantage sur ce roman, préférant laisser le lecteur le découvrir au fur et à mesure. J'avoue aussi que j'aurais beaucoup de mal à résumer davantage ce livre, ne sachant pas trop où il se situe entre la fiction pure, le témoignage (personnel? historique?), la démonstration. L'autrice part d'elle, de sa vie, de ses souvenirs dans le bassin miniers du Nord, ces fameux corons dont Pierre Bachelet parle si bien.

Je suis moi-même une fille du Nord (même si j'ai grandi à Lille, la "grande ville", la capitale des Flandres, assez loin donc des bassins miniers dont il est question ici, même si, à vol d'oiseau, la distance est courte), et j'ai à peu près l'âge de l'autrice et de la narratrice, à une année près. Donc, oui, ses souvenirs d'enfant, de petite fille, je m'y suis retrouvée, les enfances n'étant finalement pas forcément très différentes les unes des autres (ou en tout cas les souvenirs que nous en gardons à l'âge adulte), et j'ai beaucoup aimé cette partie, l'impression de me redécouvrir en quelque sorte. En gros, j'ai beaucoup aimé l'évocation du passé, des souvenirs, notamment le regard tendre qu'elle porte sur son père dont elle ne connaissait pas tout, notamment son parcours de (com)battant, et surtout très différent de l'homme fruste et illettré que chacun pourrait imaginer.

J'ai beaucoup moins aimé en revanche les incursions dans le présent, ne comprenant pas du tout où voulait en venir l'autrice, j'ai trouvé son procédé d'accroche grossier, même si plutôt malin et intelligent car on a envie de savoir la raison du pourquoi et du comment. Et quand on connaît le fin mot de l'histoire, on se dit (je me suis dit) "ah oui, tout ça pour ça, vraiment?", ce qui fait que je suis sortie de ma lecture assez mitigée et confuse.

Il en va de même pour l'écriture, j'ai été très partagée tout au long de ma lecture entre une grande confusion et des fulgurances incroyables qui m'ont presque tordu le ventre et fait monter la larme à l'oeil. J'ai trouvé qu'il y avait parfois beaucoup de poésie dans ce texte, mélangée avec une prose proche de l'oralité, ce qui m'a gênée pour l'appréciation générale du livre.

En résumé, j'ai trouvé qu'il y avait de très bonnes choses dans ce roman, un hymne à l'éducation, aux livres (le choix de la narratrice d'enseigner en primaire, là où tout commence, m'a beaucoup plu par exemple), l'amour des autres, de son aîné comme de son prochain, la transmission, le devoir de mémoire (avec des archives insérées dans l'ouvrage qui font rire jaune ou font froid dans le dos), une écriture parfois couillue,... mais aussi de plus mauvaises qui m'ont freinée dans mon plaisir de lecture. Au final, je sors assez perplexe mais je pense qu'il peut trouver son public. Je vous ai bien aidés, hein? A chacun de se faire son avis, ce n'est que modestement le mien, ce roman sortira le 02 septembre.

Un grand merci à Babelio, et particulièrement à Nicolas, pour me l'avoir proposé dans le cadre d'une masse critique privilégiée, ainsi qu'aux éditions de l'Aube pour me l'avoir envoyé.

Lu en août 2021
Commenter  J’apprécie          142



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}