Pourquoi les mères ignoraient-elles qu'une fille était l'égale d'un garçon ? Pourquoi l'homme n'admettait-il pas que la femme était son égale et sa partenaire ? Pourquoi la société ne reconnaissait-elle pas le droit à une femme de mener une vie normale en se servant de son intellect aussi bien que de son corps ?
Pourquoi ma mère s'était-elle acharnée à faire des distinctions entre mon frère et moi et à considérer l'homme comme un dieu que je passerais ma vie à servir en cuisinant pour lui ?
"Kayfa marrat 'ala hawaki l-qulub"
"Combien de cœurs se sont pour toi passionnés"
[Oum Kalthoum - référence au titre]
La protéger des hommes : c'était l'aspect que les hommes mettaient en avant quand ils voulaient dominer une femme. La jalousie que le mâle ressentait vis-à-vis de la femelle : il prétendait qu'il avait peur pour elle alors qu'en réalité il avait peur pour lui.
Il prétendait la protéger pour mieux la contrôler et l'enfermer entre quatre murs.
C'est moi l'homme.
- Que veux-tu dire ?
- C'est moi qui décide.
- Qui décide de quoi ?
- De tout, de cette maison et de ta vie.
Voilà qu'un homme reconnaissait enfin que la femme avait un esprit, qu'elle était son égale, qu'elle avait à la fois un corps et un esprit.
- L'homme ne veut pas que la femme soit son égale ou sa partenaire, il veut qu'elle soit sa subordonnée ou sa servante.
Je prouverais à la nature que je pouvais vaincre ce corps frêle dont elle m'avait dotée et ses parties honteuses, tant internes qu'externes. Je l'emprisonnerais dans une cellule que je concevrais à la force de mon intelligence et de mon esprit, et ne lui laisserais aucune chance de me reléguer au rang de femme illettrée.
Mais de quelle société parlait-on au juste ? N'était-elle pas constituée d'hommes, à l'instar de mon frère, élevés par leur mère depuis leur enfance comme des dieux, et de femmes comme ma mère, faibles et oisives ?
Pourquoi ma mère s'était-elle acharnée à faire des distinctions entre mon frère et moi et à considérer l'homme comme un dieu que je passerais ma vie à servir en cuisinant pour lui ?
Pourquoi la société avait-elle essayé de me convaincre que la virilité était une force et un honneur quand la féminité était un déshonneur et une faiblesse ?