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Critique de Pasoa


Pasoa
15 février 2023
C'est sous le titre « le soleil sait - une anthologie vagabonde », que les éditions Cheyne ont font paraître ce recueil de poèmes du grand poète grec Odysseas Elytis. Cet ouvrage est rendu plus remarquable encore par la traduction de la très regrettée chanteuse et musicienne Angélique Ionatos.

En 1969, jeune adolescente, l'artiste avait dû quitter son pays alors aux mains de la dictature militaire. Ce douloureux exil ne fit que nourrir le dernier lien qui lui restait de sa terre, celui de la langue. Plusieurs années plus tard, elle trouva dans l'écriture d'Odysseas Elytis (Prix Nobel de littérature en 1979) une profonde source d'inspiration pour vivre du chant et de la musique. Les nombreux poèmes d'Elytis qu'elle mit en chanson lui valurent une reconnaissance qui ne se démentira jamais.

Les textes qui composent cette anthologie sont le choix personnel d'Angélique Ionatos, extraits de recueils plus ou moins anciens - Orientations (1940), Soleil premier (1943), Axion Esti (1959), Maria Néféli(1978) Le Petit Navigateur (1985) jusqu'à Les élégies de la pierre tout au bout (1991) - .
On retrouve dans sa traduction, au travers de sa voix, une sensibilité toute en réserve et en générosité, un bel hommage à une écriture née d'une perception toute personnelle mais qui se révèle aussi être l'expression de références communes, universelles, une pensée intime d'où naît le souffle, le chant.
Tout au long de l'ouvrage, on retrouve une nostalgie, un parfum de regret que même le mouvement du monde ne semble pouvoir atténuer. La célébration des éléments naturels (le soleil, le vent, la mer, la montagne, la pierre blanche,...) contient en elle toute une spiritualité profane, une affiliation au temps de l'innocence, à la liberté. L'écriture d'Elytis est aussi une poésie engagée où se révèlent les blessures, la douleur, entre colère et résignation.  

J'ai été très sensible à la relecture de nombreux poèmes d'Elytis, à la nouvelle traduction qu'en a proposée Angélique Ionatos. Entre les lignes, il me semble entendre sa voix me confier les poèmes de ce poète qu'elle vénérait tant, me parler de ce pays qu'elle n'avait jamais quitté, de cette mer ouverte aux vents, de cette langue natale née d'un murmure et devenue le plus beau des chants.

" Suspendu aux franges d'une aube qui a rendu son innocence
au passé nocturne
Je savoure les sons nouveaux, exploits de la rosée qui ont cru
aux arbres
Une présence fraîche avance vers ses racines et gagne le jour
Comme un coeur qui trouve enfin sa place
Comme une femme qui ressent enfin sa jeunesse
Et offre en ouvrant les mondes de ses yeux une volupté
intarissable
Jour blond, récompense du soleil et de l'Amour ".

(extrait de "Les Clepsydres de l'inconnu", 1940).
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