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Critique de bgbg


Roman en deux volumes, soit plus de mille pages, publié en 1876 par une écrivaine anglaise, qui avait pris un prénom masculin pour cacher le scandale que pouvaient représenter ses vies publique et privée à l'époque victorienne.

Le roman esquisse au début le portrait, saisissant, d'une jeune fille qui revendique sa liberté : ses atouts sont sa remarquable beauté et une volonté d'indépendance, une vivacité d'esprit, une espièglerie, voire une effronterie, qui intriguent ses contemporains et attirent les hommes. Elle rejette les avances de ces derniers, jusqu'au moment où de très sérieux ennuis d'argent l'obligent à prendre pour mari un noble généreux qui permettra à sa mère et ses soeurs de garder leur standing.
Gwendolen la fière, la meneuse, l'arrogante, est devenue Madame Grandcourt, soumise à un homme qui se révèle tyrannique, jaloux, dominateur. Malheureuse, elle se confie à un homme intelligent, généreux, altruiste, Daniel Deronda, lequel, orphelin ou ayant grandi dans cette croyance, a été élevé par Sir Hugo Mallinger. Celui-ci qui est le père biologique de Grandcourt, a cependant une préférence marquée pour Deronda.
Gwendolen a fait de ce dernier son confident indispensable, et pourrait bien en être amoureuse, voire exprimer un amour très contenu, quand, pour son bonheur, elle devient veuve. Sauf qu'elle se pense responsable de la mort de son mari. On saura peu de son penchant pour Deronda.
Pendant ce temps, ce dernier connait une évolution très particulière. Il sauve de la noyade suicidaire une jeune fille, Mirah, qui se présente comme une juive, une chanteuse qui vient de se libérer de l'emprise de son père, et cherche sa mère et un frère dont elle a été séparée voilà longtemps. Deronda retrouve ce frère, Mordecai, sioniste avant l'heure, prophète exalté rêvant au retour du peuple juif en Terre Sainte. Il fait une fixation sur Deronda, son “relais“ sur ce monde qu'il va bientôt quitter, car malade. Deronda cependant a retrouvé sa mère qui lui apprend sa judéité. Il peut dès lors reprendre le flambeau, armé de sa mission, et accompagné de la belle et dévouée Mirah.

Le roman de George Eliot est lourd, souvent indigeste. Si l'histoire tient à peu près la route, les personnages ne sont pas toujours très cohérents, Gwendolyn qui nous anime dans le premier volume, se révèle peu résiliente, peu combative une fois mariée, puis veuve. Quant à Deronda, qui fait parfois l'effet d'un flan branlant, sa consistance pouvait être mieux exploitée, paraître moins velléitaire. Il n'en a pas moins des qualités, une subtilité, une détermination, une finesse remarquables.
Mais, surtout, George Eliot développe une écriture alambiquée, confuse, tarabiscotée, s‘engouffrant dans des phrases qui n'en finissent pas, multipliant les propositions subordonnées relatives, complétives ou circonstancielles. Est-ce un effet de la traduction ? On nage parfois dans de l'abstraction pure, entre la juxtaposition de conceptions creuses et de considérations psychologico-philosophiques qui nous paraissent parfois bien hermétiques. Là, il faut reprendre la phrase au début ou la “sauter“.

Donc, on prend, on laisse, et au final, on risque de négliger un auteur original, essentiel même, qui a compris les complexités sociales et sociétales de son époque, ses prises de position, prudentes certes, pour les femmes ou contre l'antisémitisme. On risque de passer à côté de la profondeur psychologique de ses analyses, même si cela demande un effort de lecture. On risque de perdre la réflexion sur les moeurs de l'époque, et surtout sur le judaïsme, la nécessité de rassembler les juifs en une nation et un foyer.
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