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Critique de Gwen21


Roman classique par excellence, sans doute le plus connu de l'auteur, et considéré par les Britanniques comme son plus grand succès, "Middlemarch" se définit d'abord comme un roman social. Sous-titré "Etude de la vie de province", le roman entremêle plusieurs trames de vies particulières, issues de l'aristocratie, de la bourgeoisie, de la "middle class" et de la plèbe, jusqu'à constituer une toile serrée, unie, résistante, imperméable, inusable, bref, une oeuvre de grande qualité.

A travers les parcours et relations de Dorothée et Will, de Célia et James, de Mary et Fred, et de Rosemonde et Tertius, c'est tout un pan de la société anglaise de la première moitié du XIXème siècle qui s'offre au lecteur, dans ses contrastes moraux et sociaux. C'est une période charnière dans la politique, les mentalités et les progrès et qui bouscule un schéma profondément ancré dans un sol où poussent néanmoins, irrésistibles, de jeunes et modernes aspirations, celles d'une génération mal à l'aise dans le terreau de ses aïeux.

George Eliot est une femme de lettres qui eut une vie peu commune ; tout d'abord elle se consacra à la presse et à l'écriture - domaines dans lesquels les femmes ont eu bien de la peine à se ménager une place à la force des coudes -, ensuite par ses choix privés - elle vécut notamment hors mariage avec un homme marié pendant de longues années -, enfin par la modernité de sa pensée. Ainsi, je vois dans "Middlemarch" une ode à la femme. Si pour moi Rosemonde est directement inspirée d'Emma Bovary, et Célia et Mary des soeurs Bennett, il n'en va pas de même de Dorothée, l'héroïne principale, dont la forte personnalité, les idées neuves, les projets d'entreprises, le libre-arbitre, les cas de conscience forcent véritablement l'admiration.

"Middlemarch" se veut également un hommage à toutes ces forces invisibles et individuelles qui, à un moment donné et sur des enjeux sans importance nationale, se sont positionnées à contre-courant et ont permis que "les choses bougent".

"Sa nature, débordante comme cette rivière dont Cyrus brisa la force, se répandit en canaux qui n'eurent pas de grands noms sur cette terre. Mais l'influence des vertus de son être agit profondément sur ceux qui l'entouraient : car le bien croissant de la terre dépend en partie d'actes non historiques ; et si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus."

Oui, "Middlemarch" est sans conteste un chef-d'oeuvre qu'il est permis à chaque lecteur de découvrir s'il parvient à franchir l'écueil des cent premières pages, particulièrement ardues et rédigées dans un style peu accessible mais qui heureusement s'allège par la suite. Pour cette raison, je comprends très bien les lecteurs qui abandonnent leur lecture - j'ai moi-même parfois renoncé à comprendre certaines phrases au sens desquelles je restais hermétique malgré plusieurs relectures. Mais mon conseil est de persévérer et de découvrir l'oeuvre de cet auteur qui n'a rien à envier à Jane Austen, à Charlotte Brontë et à Elizabeth Gaskell.

"Middlemarch" restera dans ma mémoire comme un grand roman foisonnant, une chronique riche en caractères et en personnalités ; enfin, magistralement construit, de telle sorte qu'on ne peut s'étonner de lui voir accoler l'étiquette d'archétype du roman classique.


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