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Critique de Croquignolle


(Chronique écrite en écoutant Les Gnossiennes d'Erik Satie)

Ce livre est un condensé d'Amour.
Simple. Beau. Evident. Essentiel. Urgent.

Je pourrais m'arrêter là dans cette chronique, ces mots signifiant tant pour moi en ces jours d'émotions à fleur de peau et de sentiments à vif.
Pourtant j'ai envie d'en dire plus.
Pour faire honneur à cette Jeanne qui m'a émue.
Pour faire taire les voix raisonnables qui s'élèvent autour de moi.
Pour mettre en lumière la plume magnifique d'Olivia Elkaim.
Pour célébrer l'art, la peinture, la vie de bohème.
Pour remercier l'homme qui a mis ce livre entre mes mains.
Pour porter aux nues l'Amour incandescent qui touche au coeur et au corps.

Jeanne m'a émue.
Secouée entre deux mondes aux contours opaques, ébranlée entre son éducation proprette et son attirance pour l'inédit, l'interdit, la folie, transcendée d'amour, de rêves et de peinture.
Jeanne Hébuterne m'était inconnue il y a encore 200 pages.
Elle m'est proche aujourd'hui, presque intime.
Son grain de beauté sur le lobe de son oreille ressemble au mien.
Elle pourrait être ma soeur et ma complice.
Et en un sens, elle l'est.
Elle semble fragile, à la merci d'un homme inconstant, instable, artiste dans toute sa splendeur.
Et pourtant, elle est si forte, Jeanne.
Parce qu'elle a osé faire des choix.
Sans conditions.
Vivant jusqu'au bout sa joie amoureuse.
Acceptant la misère d'une vie sans le sou.
Portant en elle la vie d'un enfant dont personne ne veut.
Résistant à sa douleur intense d'être une femme délaissée et trahie.
Renonçant à son frère qu'elle aimait tant pourtant.
Supportant les jugements, les moqueries et les indifférences.
Osant être elle.
Pleinement.

Jeanne a aimé son Amedeo.
On peut penser ce que l'on veut de cet amour destructeur.
On peut juger rapidement cet homme toxique.
Mais on ne peut que s'incliner devant l'Amour.
Celui qui donne du sens.
Celui qui endure tout.
Celui qui unit deux âmes.
Celui qui vainc la mélancolie.
Celui qui est évidence.
Celui qui est Essence.

Pour que cette chronique soit complète, il faudrait que je parle des autres, de ceux qui ont rempli ou vidé la vie et l'énergie de Jeanne.
Il faudrait surtout que je parle d'André ce frère omniprésent par ses jugements et sa volonté d'imposer une morale à sa cadette fragile. Je l'ai détesté tout au long des pages. Mais les questions restent en suspens… Quelle aurait été la vie de Jeanne si elle l'avait écouté ? Aurait-elle vécu un peu plus que 22 petites années ? Aussi intensément ? Aurait-elle été plus heureuse ?
Il faudrait aussi que je parle de Modigliani, cet artiste écorché-vif qui brûle sa vie par les deux bouts, qui joue sa santé à la roulette russe, qui malmène sa femme comme on malmène un vieux chiffon et qui dégouline d'égocentrisme et d'exubérance.
Il faudrait que je vous parle des parents de Jeanne, des amis artistes d'Amedeo, de ses maîtresses et des marchands d'art.

Mais il faut surtout que je parle d'Olivia Elkaim et de sa plume incisive, précise, efficace et surtout sensible, qui m'a subjuguée et profondément touchée.
L'espace d'une lecture, elle a transformé mon salon en atelier de peinture, ma petite ville en Ville-Lumière, mon époque en temps de guerre. Elle a mis à contribution tous mes sens et a su titiller mes émotions les plus cachées.
Et là me viennent deux hypothèses : soit Olivia Elkaim a vécu elle-même cet Amour-Evidence qui ravage tout soit son degré de compassion lui permet de se mettre à la place de toute personne qu'elle aime. Parce que c'est une certitude : elle l'a aimée, cette Jeanne.

- Je suis Jeanne Hébuterne.
- Enchantée, Jeanne. Je suis Croquignolle, une lectrice bouleversée. Je suis heureuse de vous avoir rencontrée.
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