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Critique de Woland


Woland
26 décembre 2007
American Psycho
Traduction : Alain Defossé

Je l'ai relu et, commencé un samedi soir, le livre était terminé au bout de vingt-quatre heures. Or, j'admets n'avoir "zappé" que deux descriptions de vêtements !!!!! - et les dernières scènes de meurtres, j'avoue !!!!! Parce que, à la lumière du temps écoulé, j'ai compris - ou cru comprendre - que ces longues descriptions permettaient aussi à Bateman de se raccrocher à la réalité.
C'est vrai : ce type est complètement fou. Il vit dans un univers schizophrénique absolu, le golden boy d'un côté, le psychopathe de l'autre mais est-il suffisamment courageux pour passer à l'acte ainsi qu'il le dit ? Ne fantasme-t-il pas en fait ? A un certain moment, on se demande comment il peut verser autant de sang dans son appartement sans que sa femme de ménage s'en émeuve (à la fin d'ailleurs, on voit cette brave dame ramasser les journaux poisseux de sang et les mettre dans la poubelle comme si de rien n'était, à tel point que Bateman lui-même se pose des questions ... )
Avec une très grande habileté, Ellis nous suggère que son personnage possède un loft dans un endroit isolé. Soit, mais il tue aussi dans son appartement et, à lire les descriptions aussi minutieuses qu'horrifiantes qu'il nous donne de ses crimes, il est clair que les murs sont éclaboussés par le sang et la cervelle. Alors ?
Alors, Ellis invente l'appartement de Paul Owen - autre golden boy porté disparu et que Bateman prétend avoir liquidé tout en conservant par devers lui ses clefs et son argent. Ce point de chute inattendu va lui permettre de tuer également ailleurs que chez lui. Mais toujours selon le même modus operandi, voilà le hic. Et lorsqu'on met en vente l'appartement d'Owen - eh ! oui ! on finit par le mettre en vente, il fallait s'y attendre - rien, il n'y a rien, pas une seule tache, pas un seul ragot sur ce qui s'y serait passé. Pire, l'agent immobilier - une femme - prend visiblement Bateman, venu badauder, pour un dément qu'il faut ménager mais non dénoncer à la police ...
Celle-ci d'ailleurs n'apparaît jamais. Il y a bien un détective privé venu enquêter sur la soit-disant disparition d'Owen mais il ne fait que passer. Dans les derniers chapitres, on peut croire qu'un chauffeur de taxi anonyme va se substituer à la Némésis urbaine pour régler son compte à Bateman mais, à y regarder de plus près, on se demande si ce dernier n'est pas finalement une victime qui se fait dérober tout son argent et ses objets de valeur par un individu qui joue de sa folie pour le culpabiliser un maximum.
Si la société américaine et le culte du profit sont mis en cause dans cette aliénation d'une personnalité, la famille est aussi montrée du doigt. On ne saura jamais pourquoi Bateman panique lorsqu'on lui suggère que sa coiffure ne pourrait pas être aussi nette qu'il le souhaite mais on constate, là encore à l'extrême fin du roman, que sa mère est elle aussi hantée par la bonne tenue de ses cheveux ...
Un livre à lire, c'est certain mais aussi à relire car une première lecture ne permet pas d'en discerner toutes les richesses. ;o)
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