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Critique de Bookycooky


« Une des rares choses que mes parents avaient en commun, je l'avais découverte dans ma jeunesse, et j'en avais honte : ils avaient voté « Oui » au référendum de 1988. C'est-à-dire qu'ils voulaient que Pinochet reste au pouvoir et que le Chili ne devienne pas un pays démocratique» , voici le ton de ce petit livre , premier roman d'un écrivain chilien qui se raconte dans un style d'écriture sec et sans effets , ton détaché teinté d'humour ( j'adore 😊), rappelant les livres du chilien Diego Zuniga et péruvien Martin Mucha.
Partant du magasin d'antiquités du père, un passionné plus intéressé à acheter qu'à vendre, mixant autofiction et biographie Gonzalo Eltesch nous raconte sa propre famille et sa ville dans l'ambiance du Valparaiso de son enfance, « un Valparaíso enfermé dans un magasin de ventes d'antiquités. Mon Valparaíso à moi, comme une collection privée ». Il y insère aussi sa propre histoire d'amour douteuse, sans queue ni tête 😊 noyée dans ces souvenirs souvent amers, marqués par la séparation des parents, les tensions familiales, la maladie de la grand-mère et , étrange, un frère qui brille par son abscence.
Un récit léger uniquement d'aspect où les déceptions et l'amertume disparaissent souvent sous le style simple d'une ironie croustillante, « Que deviendrait cette histoire racontée par mon père ? Ou par ma mère ? Ou par ma grand-mère ? Ou par mon frère, qui n'existe pas ici ? Ce serait aussi une trahison ? ». Pourtant l'humour n'arrive pas à tout ensevelir, « Cacher les sentiments, les manques, la personnalité, et la maquiller de style, de fragments de style. Parler et ne pas parler de la douleur de voir mes parents prendre leurs distances, d'arriver dans une ville différente où mes parents ne m'aiment pas comme j'aimerais qu'ils m'aiment, de me voir moi-même, alors, comme l'enfant que je fus et que je ne voulais pas être, comme quelqu'un qui ne peut pas être aimé et qui n'a pas non plus la moindre idée de la façon d'aimer. »
Brillant ! Vive la littérature sud-américaine et sorry Bison 😁!


« D'un âge éternel, sans jamais d'âge heureux »
Gabriele Mistral
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