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Critique de BobPolar


Dans ce roman nous retrouvons le rôdeur de minuit qui n'est autre que le double de l'auteur. C'est dans Jim et le diable boiteux, son précédent « roman musical », que nous l'avons découvert. Dans les pas de cet homme nous avons suivi le parcours chaotique de deux légendes du rock, Jim Morrison et Gene Vincent. Si cette fiction documentée avait alimenté notre soif en trinquant avidement avec ces derniers, avec celui-ci la gueule de bois est assurée mais sans alcool. L'excitation d'accompagner Bob Dylan et Johnny Cash, de s'immerger dans l'histoire des Etats-Unis des années 60 va retomber comme un soufflet, trop cuit.
En effet, à la lecture du document joint au service de presse une phrase retient notre attention « Devenus amis, les deux hommes entament une correspondance. » Puis nous apprenons dans une interview de l'auteur que c'est pure invention. Si nous avions accepté la formule romancée offerte clé en main désormais la donne a changé. A la question « Comment la fiction peut-elle s'emparer de la réalité ? » nous avions une réponse mais à celle-ci « Comment la fiction peut-elle inventer le réel ? » petit à petit le doute s'est immiscé puis le refus s'est imposé. Bien sûr, nous ne sommes pas dupe puisqu'il s'agit d'une fiction mais l'auteur mêle des faits concrets à son imagination à vrai dire très prolifique. Quand le travail de l'historien consiste à reconstruire l'Histoire - cela impose une méthode scientifique qui repose sur des documents originaux -, quand le romancier crée de toute pièce des situations, des personnages avec toute la latitude qu'il peut s'autoriser, l'auteur adopte sérieusement - sans la bouffonnerie que l'on trouve dans certains de ses romans - les deux disciplines. Quelques instants, quelques instants seulement nous enfilons la parure des puristes du rock, des fans des deux monstres sacrés. Une fois passé le stade de l'éblouissement quand le conditionnel transparaît dans les lignes - « ils auraient pu faire ceci » ou « ils pourraient avoir dit cela »- ce n'est plus un trouble mais une drôle de feinte qui pourrait ressembler à une imposture. Mais en tombant le perfecto et en retrouvant notre statut de lecteur lambda nous constatons que l'auteur par sa verve facétieuse parvient à manoeuvrer entre les écueils. Un coup de gouvernail à droite, un coup à gauche du moussaillon. Et c'est la voie d'eau.
Bob Dylan et le rôdeur de minuit est un roman dense. Mais il devient presque fragile lorsque l'on tente maladroitement de soupeser la vérité et la fiction et que l'on ne peut déloger l'incertitude qui nous étreint. le château de cartes s'effondre, le plaisir de partager les instants de vie de ces monuments du rock disparaît. Accoudés au flipper une lumière clignote : TILT.
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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