Toute vibration est une cigale
Toute cigale est une vibration
Qui se développe s’élève et culmine
Tandis que suent les corps et les troncs d’arbres
Et la résine déborde des godets
Oktàna c’est l’union absolue de l’esprit et de la matière.
Oktàna c’est le maintien du contact jusqu’aux points les plus lointains de l’évolution avec toute source qui constitue vraiment le réservoir sacré des archétypes de la vie.
Oktàna c’est ce qui combat la mort et partout et toujours défend la vie.
Oktàna c’est la liberté véritable, et non cette ironie terrible, qui donne le nom de liberté à ce qui évolue ou stagne dans les limites étroites laissées aux humains par les lois inhumaines des froussards, des aveugles ou des imbéciles.
.. Des heures et des heures passèrent et nous cherchions encore dans l’angoisse, avant de gagner notre navire (le schooner que nous avions armé), avant d’entamer notre voyage vers l’un ou l’autre rivage, l’une ou l’autre île, que nous voulions tous dans le Pacifique (sans doute à cause de toutes ces guerres où nous avions tant souffert) et où nous désirions être accueillis, dans la magie de l’équinoxe perpétuel, par les filles du Pacifique, les enfants paradisiaques — ô Herman Melville ! — du Pacifique, les ravissantes Fayaway, espérant aussi rencontrer, non pas en chasseurs, non pas en ennemis comme Achab, mais au contraire en amis sincères et ardents, le Souffle des océans à la crête liquide, la blanche et spermatique montagne flottante (salut à toi, salut, ô Moby Dick !), la Baleine Blanche, espérant trouver la reine des plus profondes abysses et de toute surface lumineuse, la Baleine Blanche, la blanche Aphrodite née de l’écume (Salut, ô Jaillissante, salut, salut, ô Bouillonnante !), vision divine, Souffle Premier, fille de l’absolue innocence, de l’absolue liberté, de l’absolue volupté — léviathan, ô léviathan qui toi seul, jusqu’à ce jour, conserves une trace des débuts du monde, à l’aube de la préhistoire, une trace de sa force authentique, de l’union absolue à la nature, une trace de la grandeur et des rythmes géants de cette époque sans mensonges des brontosaures et des tyrannosaures....
Nous plongeons au fond du sommeil
Comme les cloches des plongeurs
Dans les abysses des nombrils de la mer
Cherchant explorant trouvant
Des désirs en éveil tels des troupeaux compacts
Mêlant leurs cris aux fleurs
Dans la flore du fond des abysses
Quand les mots tombent sur le corps de la nuit
On dirait des vaisseaux qui labourent les mers
Les hommes à bord semant et les femmes parlant
Parmi les baisers qui claquent
Des lézards passent dans les frissons des crêtes
D’une mer qui s’étend jusqu’au sable
Avec ressacs et clapotis.
Ouvrez les fenêtres, ouvrez les âmes — voyez Kerouac le Musagète qui passe, Dionysos en
même temps qu’Apollon dans son pantalon étroit, souvent pas rasé, toujours beau, sans du tout
craindre la déchéance qui l’a détourné, car c’est lui qui apporte, dans son âme et entre ses
jambes, la semence d’une grandeur nouvelle.
Ouvrez les fenêtres, ouvrez les âmes — Kerouac passe couronné de lumière, buvant le nectar de
la vie quotidienne où qu’il se trouve, buvant et offrant le nectar qui coule plus que le Niagara,
quand le désir en nous l’emporte et l’homme béni prête serment sur le « Par ce signe tu vaincras
» de l’amour. »
Pluvieux paysages d’automne, lorsque s’en vont les fleurs et leurs joies, que tombent soudain les feuilles, que les cris du plus haut de l’été peu à peu s’éteignent, sur les rivages et les plages où la vague, déferlante et douce, rafraîchissait les corps de ses écumes irisées, avant que décline la saison des mers toujours calmes, avant que s’efface le mois culminant de l’été.
Routes bitumées qui mènent aux villes d’hiver,