Emerson étant un grand ami de
Thoreau, j'ai voulu découvrir la pensée de ce philosophe américain du XIXème siècle considéré comme un des pères de l'écologie. Théoricien de ce qu'on appelle le transcendantalisme, j'espérais y voir un peu plus clair.
Thoreau bien que partisan de ce mouvement, était plus orienté sur un certain rejet de la société de son temps et d'une mise en application personnelle de contemplation de
la nature.
Il faut remettre Emerson dans son époque qui n'était pas encore envahie par l'industrialisation galopante, la domination du pétrole et toute la pollution moderne découlant de ces "progrès". On a du mal à s'imaginer dans un monde encore relativement épargné par les ravages avides de l'humain.
Sa prose est pleine d'envolées poétiques et il a su découper son récit de courts concepts qui après le premier chapitré s'éloignent de plus en plus de ce qu'on imagine de la "Nature". C'est plus un réflexion profonde sur
la nature humaine.
L'homme fait partie de la même matière que les autres éléments de
la nature qui l'entoure et serait donc à même de déchiffrer la grande compréhension des choses. D'après lui, l'homme a été créé pour l'appréhender et serait un peu au dessus de tout puisque seul son esprit éclairé peut lire le grand projet divin de la mécanique du monde.
Les convenances de
la nature seraient précisément faites pour servir l'homme dans un dessein commun d'élévation de celui ci.
La beauté serait d'essence présente dans
la nature pour satisfaire son admiration par l'homme.
Là ou je suis d'accord c'est que la plupart des gens ont perdu la notion de contemplation des beautés de
la nature car il ne savent tout simplement (ou ne prennent pas le temps) de regarder. Mais pour moi l'esthétique est une notion toute subjective, certains y étant plus sensibles que d'autres mais ce n'est certainement pas une fin en soi.
"Ainsi l'art est
la nature passée à l'alambic de l'homme". Cette citation m'a quand même fait sourire.
Je ne suis pas linguiste mais ne suis pas certain que l'arbitraire du langage humain soit directement inspiré de
la nature. C'est pourtant l'idée qu'Emerson développe: le langage nous serait directement dicté par le déterminisme divin pour interpréter et échanger sur cette extraordinaire machinerie.
"La laine (est bonne) à être convertie en vêtement". Là encore personnellement je ne suis pas du tout d'accord que la laine des moutons ait été créée pour satisfaire le besoin en habits de l'homme. L'homme a simplement tiré parti de sa domination sur le mouton pour exploiter sa laine à son profit.
"
La nature est médiate. Elle est faite pour servir. Elle se plie à la domination de l'homme, aussi bénévolement que l'âne qui portait notre Sauveur. Elle offre tous les royaumes à l'homme, aussi bien que toutes les matières qu'il peut convertir en choses utiles."
Je perçois dans toutes ces idées un anthropocentrisme nauséabond.
Heureusement que ce premier essai de ce penseur américain était si court sinon je l'aurais sans doute refermé avant la fin qui en conclusion justifie toutes ces pensées panthéistes auxquelles je n'adhère pas. N'est-ce pas quand même intéressant de se confronter à des visions divergentes?