Silently Falling Down

Liam a ouvert quelque chose en moi. Quelque chose qui m'éclaire soudain, comme seul petit rayon de lumière déjoue les ténèbres de la nuit et fend leur épaisseur, toujours victorieux dans sa fragilité. Quelque chose comme de l'espoir.

J'ai l'impression qu'Alicia est devant mon cœur et qu'elle frappe à la porte. Si seulement il y avait encore quelqu'un pour lui ouvrir.

Peut-être que l'amour ne remporte jamais de victoire éclatante, peut-être que sa grâce tient dans sa faiblesse, dans sa capacité à régénérer l'univers en seulement deux minuscules minutes.

La vraie lumiềre est intérieure. Elle n'est souvent faite que des ombres que nous apprenons à apprivoiser, à faire danser selon l'air que nous avons choisi pour elles.

Chapitre 5 :

Liam

«… – Alicia a refusé tes congés ?

Je fulmine en faisant les cent pas devant le bâtiment. L’air est glacial, le ciel est gris et bas. Un vrai temps de merde qui s’accorde parfaitement avec mon humeur exécrable.

– Non. On s’est engueulés, c’est tout.

– Attends, tu t’es engueulé avec la fille qui ne gueule jamais ?

Les sourcils arqués de Dan trouvent un écho dans les rides de son front et j’ai l’impression très nette qu’il en joue pour me pousser à bout.

– Très drôle, répliqué-je. On s’est engueulés parce qu’on ne s’aime pas.

– Toi, Liam, tu dis que tu n’aimes pas la cheffe ?

Je soupire sans répondre.

– Mais enfin, Liam, tout t’indiffère pourtant d’habitude !

– Arrête de te foutre de ma gueule, Dan. J’ai très bien compris ton petit jeu. Et j’ai toujours envie de cogner…

Dan se marre et m’offre son torse pour me narguer. J’expire un bon coup avant de rire moi aussi. Je suis franchement pathétique mais au moins, je m’en rends compte.

… »

Chapitre 3 :

Liam

«… Je me doute surtout que ça a dû lui faire peur et lui faire mal pour qu’elle aille se cacher dans les toilettes mais elle n’en dit rien. Je regrette carrément ma question, en fait, maintenant j’en suis sûr. À vouloir la gêner, je me sens mal, moi aussi. J’éprouve soudain le besoin de la rassurer.

– Écoutez, ne le prenez pas pour vous. Ici, il y a de tout. Des gens bien et des cons. Des cons qui veulent intimider les autres, qui foutent le bordel et une ambiance de merde. Des cons qui supportent pas d’avoir une femme pour cheffe aussi. Bref, c’est pas contre vous personnellement, c’est juste parce qu’ils sont cons et qu’ils le resteront jusqu’à leur mort.

Elle rit doucement à ma remarque. J’aime l’éclat que prennent ses yeux quand elle rit.

Putain, tu vas arrêter ça, oui ?

– Tu as sûrement raison. Je me sens stupide maintenant. Merci pour cette vision encourageante de l’équipe, au passage.

– Vaut mieux savoir où vous mettez les pieds, bougonné-je malgré moi.

– Tu avais une autre question ? relance-t-elle pour changer de sujet.

– Oui. Vous trembliez à votre arrivée, quand vous serviez le café. Pourquoi ?

C’est officiel, je suis un connard fini.

Elle reste interloquée et je vois son humeur s’assombrir. Elle me jette un œil agacé et me répond sèchement cette fois :

– Pour les mêmes raisons que toi, cingle-t-elle. Personnelles.

Je n’ai rien à répondre à cela. J’ai dépassé les limites et je sens qu’elle doit me détester à l’heure qu’il est.

– Rien d’autre ?

– Non, rien.

Sans un mot de plus, je me lève et quitte son bureau, l’entretien ayant tourné court.

Merde, je suis vraiment aussi con que tous les cons de cet atelier. Putain !…»