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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie initiale de 2001. La minisérie en 4 épisodes "Garden of Eden" parue en 200 se trouve dans le jardin d'Eden. Ce commentaire couvre les 2 histoires "Régner en Enfer" + "Le jardin d'Eden".

Régner en Enfer - le soleil a connu une augmentation de son activité, qualifiée de Grande Brûlure. Les océans se sont littéralement évaporés, l'humanité a été décimée, il ne reste que quelques poches de survivants. Alors que l'histoire commence, celui qui se fait appeler Pilgrim (Pèlerin) arrive sur le lieu d'une attaque d'un camp de survivants paisibles, par des brutes criminelles qui souhaitent s'emparer de leurs femmes pour leur bon plaisir. Grâce à un art consommé du maniement des armes à feu, Pilgrim repousse les agresseurs qui repartent la queue basse en ayant essuyé de lourdes pertes en vies humaines. La tribu l'accueille à bras ouverts et lui demande de les guider vers un havre situé plus loin vers l'ouest. Toutefois, l'un des femmes a l'étrange sentiment d'avoir déjà vu Pilgrim ailleurs, avant la Grande Brûlure, et la dureté inflexible du Pilgrim en rebute quelques uns. Seul Billy, un enfant de dix ans et demi, semble accorder une confiance aveugle en cet étranger qui cite la Bible et dit accomplir la volonté de Dieu sur Terre.

Le jardin d'Eden – Alors que le Pilgrim a le dessous face à un groupe de ce qui semble être des zombies, Chris (une femme) et Cameron (un homme) lui viennent en aide à bord d'un hélicoptère. Ils l'emmènent dans leur campement qui se révèle être l'équivalent d'une gigantesque serre souterraine, avec de nombreuses plantes vertes et arbres fruitiers, un oasis de verdure dans un monde devenu un véritable désert. Il s'agit d'un regroupement de scientifiques prévoyants qui ont des projets pour l'avenir et qui accueillent le Pèlerin à bras ouvert, car ils ont dû essuyer les attaques de quelques créatures peu ragoûtantes.

Ces 2 miniséries ont été initialement publiées par Black Bull Comics, une émanation de Wizard Entertainment. Il s'agit ici de la réédition effectuée par Dynamite Entertainment. Les scénarios sont de Garth Ennis, et les illustrations de Carlos Ezquerra. Ce qui intéresse Garth Ennis dans cette histoire, ce ne sont pas les modalités de survie des groupes du premier ou du deuxième récit. Malgré la grande sécheresse, la question de la nourriture sert juste à montrer que les survivants doivent se contenter de peu, et il n'y a pas de détails sur les problématiques de ravitaillement en eau. le point de départ sert à montrer un groupe d'individus, puis un autre dont la survie est menacée et dont l'arrivée du Pèlerin augmente les chances. Ce qui intéresse Ennis, ce sont les affrontements entre les 2 factions, ainsi que la découverte de la personnalité du Pèlerin par les gens qui l'accueillent dans leur communauté. L'intrusion du système de valeur religieux, intransigeant et réactionnaire du Pèlerin polarise les individus en face de lui et déclenche des réactions de crispation. Ennis ne se limite pas à refaire le coup de l'étranger qui arrive en ville pour régler les problèmes et dévoiler les défauts des uns et des autres. Il dévie de ce schéma de western spaghetti pour exposer le passé du Pèlerin, ce qui provoque encore d'autres réactions dans la communauté.

Bien évidemment, Garth Ennis inclut de nombreux moments Ennis dans son récit : provocation gratuite, mauvais goût assumé, transgression des tabous, etc. Il s'agit d'un récit post apocalyptique qui se prête bien à ce genre d'excès, encore qu'Ennis n'ait jamais eu besoin d'excuses pour faire crade. Les illustrations sont réalisées par Carlos Ezquerra qui a collaboré à plusieurs reprises avec Ennis, et qui est dans une grande forme pour ces 2 récits. Il trouve le juste équilibre entre les détails et la prédominance du mouvement dans les cases. Bien que le physique du Pèlerin n'ait rien à voir avec celui du Clint Eastwood, il lui confère la même stature monolithique et impénétrable, marmoréenne. Les véhicules utilisés par les pilleurs présentent ce qu'il faut d'usure de temps, de rouille et de délabrement pour faire plus Mad Max que Mad Max. L'incroyable chef des pilleurs reste visuellement crédible malgré ses spécificités physiques. le Titanic est massif, et le pauvre homme qui a été imprégné par une créature ressemble à un testicule géant avec une véracité troublante. le jardin d'Eden combine à la fois une dimension mythologique avec la réalité de ces cultures organisées par les scientifiques. Et Ezquerra trouve une solution graphique élégante pour les créatures qui apparaissent au début comme des zombis. Ces dessins sont rehaussés par la mise en couleurs intelligente et intense de Paul Mounts et Ken Wolak.

Alors qu'Ennis aurait pu se contenter d'une accumulation d'horreurs faciles dans un futur apocalyptique, il propose un personnage trouble qui perturbe encore plus les pauvres survivants. Alors qu'Ezqerra aurait pu se contenter de décors dessinés à grands traits et de grands mouvements perdus dans un fond poussiéreux uniforme, il insère des détails qui donnent une identité propre à ce futur, et aux personnages qui le hantent.
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