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Critique de SeriallectriceSV


Un excellent moment de lecture. J'ai adoré cet opus, il m'a littéralement happée et je regrette de l'avoir lu aussi vite.
Ce livre est dense, on y parle d'amitié, de justice, de trahison, de vengeance, de justice, de sentiments amoureux, de la culture et des traditions amérindiennes, des lois américaines bafouant les droits des indiens.
Joe, nous embarque avec lui dans sa vie de jeune adolescent et dans celle de sa famille et de ses amis,
Nous sommes en été, de l'année 1988, dans une réserve indienne du Dakota, en territoire Objiwa.
Joe nous raconte comment sa vie bascule après le viol de sa maman, Géraldine Couttss, une mère aimante, pleine de vie, attentionnée, et qui du jour au lendemain, suite au drame, va se réfugier dans le mutisme, et la solitude, ne partageant plus aucune activité avec Joe et son mari.
Après le choc, c'est le sentiment de colère qui s'empare de Joe. L'enquête piétine, il comprend que la police ne met pas tout en oeuvre pour retrouver le coupable, qu'il n'y aura peut-être pas de procès, même si son père, juge, à confier cette affaire à la justice. Et pourquoi donc ? Parce que le viol concerne une amérindienne, violée par un non amérindien, sur un lieu qui n'est vraisemblablement pas sur la réserve et que, par conséquent, le coupable ne craint pas grand chose ... Une ineptie !

"Prends 'Johnson contre McIntosh'. Nous sommes en 1823. Les Etats-Unis ont cent quarante-sept ans, et le pays tout entier est fondé sur la volonté de s'emparer des terres indiennes aussi vite possible et d'autant de façons qu'on puisse humainement le concevoir. La spéculation foncière est la Bourse de l'époque. Tout le monde est dans le coup. George Washington. Thomas Jefferson. Tout comme John Marshall, le président de la Cour suprême [...]. Ce n'est pourtant pas la décision elle-même, qui continue d'être dégueulasse, ce sont les 'obiter dicata', la formulation incidente additionnelle de l'avis. le président Marshall a fait tout ce qu'il a pu pour retirer tout droit indien sur toutes terres vues - c'est à dire, "découvertes" - par des Européens. Au fond, il a perpétué la doctrine médiévale de la découverte en faveur d'un gouvernement qui était soi-disant fondé sur les droits et les libertés de l'individu. Marshall a investi le gouvernement du droit absolu à la terre et n'a donné aux Indiens rien de plus que le droit de l'occupation, un droit qui pouvait leur être retiré à tout moment. Et encore aujourd'hui, ses termes sont utilisés pour continuer à nous déposséder de nos terres. Mais ce qui exaspère particulièrement l'être doué d'intelligence, c'est que le langage dont il s'est servi subsiste dans la loi, à savoir que nous étions des sauvages tirant notre subsistance de la forêt, et que nous laisser nos terres c'était laisser une nature sauvage inutilisable, que notre caractère et notre religion sont d'une valeur tellement inférieure que le génie supérieur de l'Europe doit assurément prendre l'ascendant, et ainsi de suite."
p 328-329

Joe va devoir se débrouiller seul pour retrouver coûte que coûte , mais ce ne sera pas sans compter sur ces 3 fidèles amis Angus Kashpaw, Zack Peace et Virgil Lafournais, dit Cappy, son meilleur ami, un frère. Et nous allons les suivre tous les 4, dans leur virée d'adolescents sur la plage, leur soirée un peu arrosée, à la recherche de la compagnie féminine et de choses à manger.

Nous nous imprégnons de leur culture, des traditions familiales et c'est avec plaisir que nous écoutons les histoires contées par Mooshum, le grand-père de Joe, chez tante Clémence.
"Je me suis assis pour regarder Mooshum, mais il s'était retourné et mis à ronfler. Je suis resté éveillé en pensant à ce lieu sur la colline, au vent sacré dans l'herbe, et à la bâtisse qui avait hurlé à mes oreilles. J'apercevais une partie de quelque chose de plus vaste, une idée, une vérité, mais rien qu'un fragment. Je ne voyais pas le tout, mais rien qu'une ombre de ce mode de vie." p 309

En parallèle, ils mènent l'enquête et sont bien conscients que les lois des adultes ne permettront pas de rendre justice. Mais peut-on se faire justice soi-même ? Peut-on aller au devant des lois ?
La réponse est dans ce roman brillamment écrit.
Un très grand roman ! Un roman choc au sujet ô combien délicat.
Lien : http://seriallectrice.blogsp..
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