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Critique de Merik


Si Didier Eribon a quitté Reims pour Paris à vingt ans, il s'est surtout déraciné de manière plutôt violente, un exil de trente cinq ans sans nouvelles ou presque pour vivre son homosexualité et son émancipation culturelle dans la philosophie. De retour à Reims à la mort de son père, il revisite son passé à l'aune de ses origines populaires, aborde comment il a résisté au déterminisme social pour devenir un transfuge de classe, intellectuel philosophe et sociologue averti, qui décrit aujourd'hui avec minutie et expertise sociologique le milieu ouvrier des années d'après-guerre, sa soumission de classe et son ethos. La construction de soi, sociale, culturelle, sexuelle ou politique, tout cela a cheminé chez l'auteur par des sentiers encore plus ardus qu'à l'ordinaire : il a fallu du côté de sa sexualité qu'il devienne celui qu'il était, quand du côté social il a du refuser ce qu'il devait être.
Un livre passionnant, qui se réfère tour à tour à Bourdieu, Sartre, Ernaux, Wideman, Genet ou Foucault entre autres, qui peut inviter le lecteur concerné ou curieux à continuer avec l'auteur lui-même, ou avec les autres. En ce qui me concerne ce serait plutôt Bourdieu (si j'en ai le courage).

« Une guerre se mène contre les dominés, et l'École en est donc l'un de ses champs de bataille. Les enseignants font de leur mieux ! Mais ils ne peuvent rien, ou si peu, contre les forces irrésistibles de l'ordre social, qui agissent à la fois souterrainement et au vu de tous, et qui s'imposent envers et contre tout. »
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