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Critique de hubertguillaud


Avec "Retour à Reims", Eribon mele l'intime à une réflexion charpentée sur les déterminismes, en observant comment nous sommes ancrés à notre passé social. Il nous rappelle la pesanteur étouffante de nos mondes sociaux, des choix qui nous déterminent par devers nous, sans même qu'on ne les mesure, croyant qu'ils sont les nôtres, quand ils sont ceux de ceux auxquels on appartient. Il rappelle combien les barrières sociales demeurent infranchissables, sans se déconstruire, sans "se dissocier". L'ordre social est un milieu que l'on ne peut que tenter de fuir, alors qu'il ne cesse de nous revenir à la gueule. La force de sa confession est quelle ne fait pas de concessions sur ses propres errances ("Mon marxisme de jeunesse constitua donc pour moi le vecteur d'une désidentification sociale : exalter la "classe ouvrière" pour mieux m'éloigner des ouvriers réels").

En racontant comment le monde ouvrier communiste de son enfance a basculé à l'extrême droite, Eribon nous renvoie à nos errements politiques en interrogeant les siens. Pour lui, c'est la disparition des structures collectives de luttes et d'organisation du social qui expliquent le passage d'une conception politisée du monde (combattre la domination), à sa vision aliénée et aliénante (dénoncer les étrangers). le racisme est l'échec du social, l'échec à renverser les droits des puissants. On refuse aux autres les droits "qu'on tente de maintenir pour soi-même au moment où ils sont remis en cause par le pouvoir". Quand il n'y a plus de conquête sociale, mais seulement leur défense, alors leur protection passe pas l'exclusion de ceux qu'on devrait y inclure. Les "stigmates" sociaux, cultuels, politiques qu'Eribon cherche dans son passé nous invitent à regarder les nôtres.
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