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Critique de herve_14


Une quinzaine d'années après Retour à Reims, Didier Eribon se livre de nouveau à un délicat exercice de décryptage et d'analyse de sa vie personnelle et familiale. Cette fois, le point de départ est la perte d'autonomie inéluctable de sa mère, son placement en ehpad et son décès peu après. Il en tire un essai sociologique, philosophique et politique sur la vieillesse et sur la place faite aux personnes âgées dépendantes, dont personne ne porte la voix. L'auteur offre à la lecture les dernières semaines de sa mère, sans fard, mais avec beaucoup d'élégance. Il ne cherche ni à embellir la situation (il revient sans complaisance sur les propos racistes de sa mère), ni à tomber dans un ton pathétique excessif. On sait que leur relation fut compliquée, et que le décalage entre le fils et la mère était énorme. le propos personnel est touchant ; le propos théorique politique et philosophique est percutant. Didier Eribon parvient à dépasser une situation personnelle dont on sent pourtant encore les blessures sous-jacentes, pour extraire du parcours de sa mère quelques leçons sociologiques. J'ai été particulièrement intéressé par tous les propos sur le positionnement social, conscient ou non, de sa mère (solidarité ouvrière, mais rejet des étrangers, ce qui est une façon d'établir une hiérarchie des laissés-pour-compte). le chapitre intitulé "Scènes de la vie quotidienne", dans lequel l'auteur relate pêle-mêle des moments de vie de l'intimité familiale, dans ce qu'ils ont de révélateur, est très touchant. Un excellent ouvrage qui tisse témoignage personnel et essai politique.
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