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Critique de bucephale


Traquer chaque détail d'une réalité qui fût. La ville d'Y. la décrire socialement, son architecture, capter des faits, des conduites, des mentalités, reconstruire le passé. Il semble que rien ne ressorte des descriptions cliniques, seules celles qui ont provoqué des sentiments à la petite fille qu'Annie Ernaux était. Peur, honte, mais pas colère, insoumission, les règles sociales fonctionnent comme une camisole, ou un corset. Une telle société semble peupler de fous : au regard d'aujourd'hui. On ne peut s'extraire des relations : tout le monde connaît tout le monde, il y a obligation de se saluer, d'échanger, la politesse est une colonne vertébrale qui tient la société. Pourtant il y a des meurtres, des crimes comme le rapporte le journal régional. La société ne semble pas moins violente, par contre on déifie l'autorité. Chacun a sa place, et doit y rester. On se croirait dans un autre pays, mais pas un pays actuel, un peu la Corée du Nord, qui est anachronique et dément. le livre est écrit sans colère, les passages ne semblent pas être le fruit d'un choix délibéré d'une subjectivité qui voudrait arriver à ses fins. C'est un grand livre. Un saut dans le temps. « Notre mémoire est hors de nous dans un souffle pluvieux de temps, l'odeur de la première flambée d'automne….Des choses de la nature qui rassurent, par leur retour, sur la permanence de la personne. A moi…la mémoire n'apporte aucune preuve de ma permanence ou de mon identité. Elle me fait sentir et me confirme ma fragmentation, et mon historicité. » Je ne sais pas trop quoi dire de cet extrait, mais je crois qu'il contient des clés : elle ne s'identifie pas malgré qu'elle puisse raconter un récit détaillé de ce qu'elle était extérieurement et intérieurement. Mais fragmenter c'est-à-dire en rupture elle l'est sans cesse, et au niveau de l'historicité, c'est comme être le témoin d'une époque, mais l'histoire est elle un fleuve qui coule ou une succession de rupture ?
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