AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


J'ai longuement hésité avant de rédiger ce retour, parce c'est un exercice que je n'aime guère quand je n'ai vraiment pas apprécié ma lecture.
Je ne me répandrai pas sur le résumé de cette autobiographie, sachez juste qu'Annie Ernaux nous raconte longuement son enfance et son adolescence normande, au sein d'un foyer atypique pour l'époque. Maman est commerçante, elle tient une épicerie et n'est guère adepte des tâches ménagères. Papa tient le bistrot attenant et fait la cuisine. Et on éduque la petite Annie dans l'idée qu'il ne faut pas se laisser asservir par le mariage et la maternité, et vivre et s'instruire pour s'accomplir. Très bien, ces beaux principes avec lesquels je suis d'ailleurs fondamentalement d'accord, mais Annie va finalement "se faire avoir" et épouser cet ami, ce presque "frère incestueux" en lequel elle pense avoir trouvé son alter ego. Il s'agit d'ailleurs de son premier époux, Philippe, jamais nommé, dont elle a divorcé l'année de parution de ce livre, qu'elle lui a dédié ! Ils auront deux enfants, surnommés le Bicou et le Pilou, pour lesquels elle éprouve malgré elle des sentiments maternels, mais qui l'entravent dans une vie dont elle ne voulait pas, qui la transforment en cette femme popotte qui fait la cuisine et s'occupe de son intérieur, tout ce qu'elle rejetait avec force auparavant.

On sent une énorme frustration dans ce livre, on a juste envie de lui dire : mais pourquoi alors les avoir faits si jeune ces enfants (à 24 et 28 ans), tu étais éduquée, tu n'avais qu'à choisir de passer ton capes et ton agreg avant, au lieu de gémir sur ton sort ? L'écriture, heurtée, contorsionnée, laisse penser qu'il faut se dépêcher de tout "sortir", comme si après, il sera trop tard...

Elle m'a énervée, cette femme qui a eu une enfance heureuse, une éducation assez rare à cette époque dans son milieu social (elle est issue d'une lignée paysanne), et qui n'a jamais manqué de rien. J'ai trouvé de l'aigreur, du fiel même dans les descriptions de ses "amies", puis de sa vie conjugale. Mais fallait pas y aller, ma grande, personne ne t'a mis le couteau sous la gorge ! Et ce mari, dépeint très vite sous les traits d'un gros macho sourd aux aspirations de sa femme, il ne me paraît pas si imbécile qu'il n'aurait su entendre qu'elle avait besoin de temps, d'espace pour finir ses études avant de penser à fonder une famille. le dialogue, ça se fait à deux... En plus, elle explique qu'il partageait les corvées et les biberons, en tout cas pour leur premier enfant, ce qui était loin d'être le cas dans toutes les familles des années 60. Enfin, je n'étais pas dans leur lit, fort heureusement, mais j'ai l'impression qu'elle s'est de plus en plus enfermée dans un statut de victime du mariage au détriment de son épanouissement. Pour moi, ce n'est pas une attitude féministe, parce qu'elle se borne à reprocher à l'homme de mener la vie qu'elle voudrait avoir. Rien de constructif là-dedans, juste, je me suis fait gruger et je râle toute seule.

Quant à l'écriture, elle est ennuyeuse, des phrases décousues, syncopées, des énumérations, un style qui se veut travaillé mais m'a juste énervée. Cette femme gelée m'a carrément frigorifiée par sa froideur et son manque d'empathie. Annie et moi, ça finira sans doute là.
Commenter  J’apprécie          6546



Ont apprécié cette critique (60)voir plus




{* *}