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Critique de Eve-Yeshe


ce livre est 'une autobiographie dans laquelle Anne Ernaux décrit son enfance, pendant et après la fin de la deuxième guerre mondiale, la pauvreté dont ses parents voudront à tout prix sortir.

Elle décrit ses parents, surtout son père, qui parlait peu, dont elle n'était pas très proche, avec une précision pratiquement chirurgicale. Elle brosse un tableau, décrit les moeurs de l'époque, la façon dont les gens concevaient la vie, la réussite sociale, se sortir de son milieu, faire mieux que la génération d'avant.

On sent parfois qu'elle éprouve de la honte, vis-à-vis de la situation sociale de ses parents, par rapport aux autres familles ou aux copines de classe : « Voie étroite, en écrivant, entre la réhabilitation d'un mode de vie considéré comme inférieur, et la dénonciation de l'aliénation qui l'accompagne. Parce que ces façons de vivre étaient à nous, un bonheur même, mais aussi les barrières humiliantes de notre condition (conscience que ce n'est pas assez bien chez nous), je voudrais dire à la fois le bonheur et l'aliénation. Impression, bien plutôt, de tanguer d'un bord à l'autre de cette contradiction ». P 54

En parlant du café-alimentation, on peut lire par exemple : « Conscience de mon père d'avoir une fonction sociale nécessaire, d'offrir un lieu de fête et de liberté à tous ceux dont il disait « ils n'ont pas toujours été comme ça » sans pouvoir expliquer clairement pourquoi ils étaient devenus comme ça. Mais évidemment un « Assommoir » pour ceux qui n'y auraient jamais mis les pieds ». P 54

Ce qui frappe, c'est la froideur de l'écriture, on dirait que ce livre a été écrit au scalpel. On ne sent aucun affect, on suppose qu'il y a de l'amour entre eux, mais on ne le sent pas du tout. La description de la toilette mortuaire, par exemple, est sidérante. On n'a pas l'impression qu'elle parle de son père. Personne ne semble vraiment à sa place dans la famille, dans la société...

Il y a beaucoup de non-dits, très peu de communication au propre, comme au figuré, entre ces trois êtres qui cohabitent. On a l'impression parfois d'être dans un igloo où tout est gelé, les choses, les évènements, comme les êtres.

On pourrait se dire que c'est l'époque qui veut cela car les parents à la fin de la guerre et dans les années cinquante, communiquaient peu avec leurs enfants, ils éduquaient, il y avait peu de place pour les marques d'affection. On est à des années-lumière des parents copains.

En fait, quand elle évoque son fils, elle dit « l'enfant », « le petit bonhomme », elle parle de lui à la troisième personne, toujours et je dois dire que c'est glaçant encore une fois. On ne sent pas non plus d'amour, comme si elle parlait de quelqu'un d'autre.

C'est le premier roman de l'auteure que je lis et je ne pense pas continuer. Je suis sortie de ce livre en ayant l'impression d'avoir passé un mois sous la banquise et encore je ne suis pas certaine que le climat n'y soit pas plus doux… c'est bien écrit, certes, mais elle est à l'opposé de moi qui baigne plutôt dans l'hypersensibilité…

Je venais de terminer « Nos étoiles contraires » (dont je vous parlerai dans les jours qui viennent) quand j'ai commencé « La place », ce qui a encore accentué la sensation réfrigérante…

Note : 7/10
Challenge ABC
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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