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Critique de dvall


J'ai lu ce texte pour goûter au style d'Annie Ernaux, dont je n'avais encore jamais rien lu. En ce sens, je ne suis pas déçu puisque j'ai pu découvrir une plume fluide et une pensée pertinente qui s'attache au temps qui passe et aux marques qu'il laisse sur notre âme, notre regard, notre coeur. J'ai particulièrement apprécié l'épigraphe qui semble définir avec beaucoup de profondeur la relation de l'autrice à l'écriture : « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues. »

Je reste cependant particulièrement frustré par la fugacité de cette lecture, et bien que le prix des livres ne soit pas un problème pour moi, je suis ennuyé par le fait que tout le monde ne peut pas se permettre de payer huit euros pour moins de trente pages aux gros caractères et aux marges larges. Cela étant dit, ce texte a accompli son oeuvre auprès de moi, déclencher l'envie d'en lire davantage, et notamment ce roman qui relate l'avortement clandestin de l'autrice, plus de trente ans avant la relation décrite ici avec un jeune homme qui pourrait être son fils.

En moins de trente pages donc, Annie Ernaux décrit cet amour hors norme aux allures incestueuses, tout autant aliénant que libérateur, d'une femme ménopausée avec un étudiant de vingt-cinq ans, la manière dont cette histoire la ramène à son propre passé, à la classe sociale dont elle s'est élevée, à ses propres fils initiés à la culture. Ce présent qu'elle partage avec lui est un passé ressuscité, une expérience de vie renouvelée. « Par son existence même, il était ma mort. » Ce jeune homme est son « passé incorporé », un « ange révélateur » aux traits pasoliniens. Peut-être même est-il l'instrument d'une catharsis, et ces mots d'introduction d'ailleurs ne sont-ils pas révélateurs ? Les choses qui ne sont pas allées jusqu'à leur terme… C'est en vivant cette relation que l'autrice a écrit « L'Événement », le récit d'une interruption avant le terme.
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