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Critique de Zephirine


C'est un récit très court et intimiste comme le sont tous les récits d'Annie Ernaux, c'est une petite parenthèse amoureuse et sexuelle dans sa vie de femme de 55 ans.
Cette liaison avec cet étudiant de 30 ans son cadet suit la genèse d'un roman qui parle de cet avortement clandestin qu'elle a subi alors qu'elle était étudiante comme lui.
Cet amour, qui attire les regards, la comble, car pourquoi les femmes mures n'auraient pas le droit de s'afficher avec des jeunes hommes puisque le contraire semble n'étonner personne. Et elle sait être convaincante et provocante, Annie, lorsqu'on touche au féminisme.
Á travers le comportement de ce jeune étudiant, « désargenté, issu d'un milieu populaire » elle retrouve ses origines modestes :
« Il était le porteur de la mémoire de mon premier monde ».
Elle épingle même ces petits gestes, les mêmes que les siens autrefois et c'est comme une marche arrière dans sa vie :
« J'avais l'impression de rejouer des scènes et des gestes qui avaient déjà eu lieu, la pièce de ma jeunesse.
Elle met une certaine distanciation quand elle évoque sa relation qui se joue au présent, dans cette l'immédiateté qui lui apporte une certaine jouissance. Elle est aussi dans les souvenirs, ceux de ses amours passés, plutôt que dans un avenir commun incompatible avec leur différence d'âge :
« Avec lui, je parcourais tous les âges de la vie, ma vie. ».

Le jeune homme a joué ce rôle « d'ouvreur du temps » dans la vie de l'écrivaine, lui permettant d'écrire son roman jusqu'à ce qu'elle le quitte.
« Plus j'avançais dans l'écriture de cet évènement qui avait eu lieu avant même qu'il soit né, plus je me sentais irrésistiblement poussée à quitter A. »

Malgré la sincérité qui perce tout au long du récit, on a l'impression qu'elle se sert de la jeunesse de son amant, qu'il est un catalyseur pour retrouver sa jeunesse étudiante et lui permettre d'entrer en écriture.
Et la brièveté du récit ne fait que renforcer mon impression. Peut-être qu'avec un texte plus long, plus fouillé aurait-on pu sentir davantage cette complicité et ce plaisir simple qui vont bien au-delà de la différence d'âge ?
Cette lecture m'a laissée sur ma faim.



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