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Critique de EstelleRomano


Je ne suis pas entrée immédiatement dans ce texte dont j'ai craint au départ qu'il soit trop déprimant, à force d'aligner tout ce qui passe avec le temps, les oublis, les absences, les deuils... mais au bout de quelques pages, on finit par voir se dresser le tableau autrement : raconter environ 60-70 ans d'une société à travers les souvenirs d'un témoin, car la plupart de nos souvenirs sont partagés. Nos manières de parler, manger, travailler, nous détendre, vivre en famille, grandir... sont ici moins le fait d'une histoire individuelle que vue sous leur aspect sociétal : le fait d'une époque, d'un milieu social, d'une génération.
Au fil des années, deux questions émergent toujours, la condition féminine et les adolescents, la jeunesse et son désir d'avenir et de révolte contre la société qui précède.
Certes on sent pointer l'amertume souvent, au fil des désillusions sociales et politiques qui s'enchaînent à partir de 81, des deuils privés ou publics, des renoncements, mais c'est un sacré tour de force de raconter une société en choisissant des souvenirs aussi intimes que la série de photos de famille qu'Annie Ernaux a choisi pour jalonner son récit. Chaque époque est introduite par la description d'une photo personnelle, suivie de la tentative de faire revivre l'état d'esprit qui l'accompagnait, puis la société et ce qui l'agitait alors.
Et plus on approche de la fin, plus l'auteur nous explique la genèse qui arrive de ce texte que nous sommes en train de lire : la fin donne la règle du jeu auquel on assiste depuis le début, comme un éternel retour, puisque c'est finalement la sensation qui gagne la narratrice, cet éternel retour du temps qui passe et de nous qui passons avec.
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