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Critique de BleuClair


J'avais détesté “Passion simple” (lu à sa sortie quand j'avais 15 ans et que les affres sexuelles d'une adulte ne pouvaient m'être plus étrangères), et depuis je n'avais plus prêté attention aux livres d'Annie Ernaux. le prix Nobel m'a surprise, alors j'ai décidé d'y regarder de plus près. Bien m'en a pris. Avec “Les Années”, j'ai compris pourquoi cette dame était une immense écrivaine.
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Pourtant, même celui-ci, j'ai failli le rater. Les premières pages m'ont agacée: cette énumération en paragraphes qui commencent sans tiret ni majuscule, pfff, maniérisme expérimental, très peu pour moi, surtout si c'est pour parler de pipi. Mais avant de remiser le livre, je l'ai ouvert au milieu, juste pour vérifier. Et là, petit à petit, sans très bien savoir comment, je me suis retrouvée captivée.
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Cette manière de nommer les sensations que “on” avait eues devant les événements historiques, les évolutions de la société et les étapes de la vie était absolument saisissante. Comment pouvais-je me reconnaître dedans alors que j'étais une autre personne, d'une autre génération, avec un parcours si différent...? (Et ce livre a été apprécié dans le monde entier.)
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Que l'expérience intime puisse être aussi universelle est à la fois mortififiant et vertigineux. Grâce à la finesse de l'analyse et à la précision des mots, on —car moi aussi je suis “on” ou “elle”— découvre avidement ce qu'on a pensé et ce qui nous a uni aux autres.
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Alors on finit le livre, on le recommence depuis le début cette fois, et trois mois après l'avoir rendu à la bibliothèque, on a de nouveau envie de le relire.
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