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Critique de mfrance


Puisqu'elle le dit, elles sont peut-être vides les armoires de Denise Lesur, ou plutôt la Ninise Lesur. Par contre les petits sachets de senteur destinés à parfumer les draps des dites armoires, eux ils sont pleins ! pleins d'odeurs diverses et pas toujours bien ragoûtantes, oh que non ! Entre la merde, le vomi, la pisse, le sperme, l'haleine chaude et fétide des clients du café, la vinasse surie, l'âcreté des produits avariés, le linge sale, les petites culottes souillées, la poussière oubliée .... j'en oublie, je sais que j'en oublie, mais la Ninise, elle, elle n'oublie rien !
Elle éructe sa haine du milieu dans lequel elle a été élevée. le café de quartier tenu par le père et la modeste épicerie gérée par la mère sont l'objet de toute sa vindicte !
Elle le fait avec une passion vengeresse, avec l'ardeur de quelqu'un qui ne pardonne pas à ses parents d'être ce qu'ils sont, des gens modestes, comptant le soir les sous de la recette quotidienne, le père ne vivant qu'à travers son café, la mère ratiocinant sur les habitudes des clientes tout en feuilletant Confidences ou une autre revue de même calibre !
Pourtant, comme Denise Lesur apprenait avec une facilité déconcertante dès son plus jeune âge tout en manifestant un goût certain pour l'étude, ils ont fait l'effort de l'inscrire à l'école privée, persuadés qu'ainsi ils feraient le bien de leur fille.
Là était le mal, sans doute, car c'est là que Denise Lesur a pris une pleine conscience de sa vile extraction ! elle s'est sentie minable au milieu de ces petites bourgeoises sucrées et trop bien apprêtées et on lui a montré qu'elle l'était, minable, en provenant d'un milieu aussi populaire !
Alors elle a affûté ses armes pour écrabouiller définitivement toutes ces péronnelles trop fières d'elles ; être toujours la première en chaque matière, récolter les prix et les félicitations des professeurs, écraser les autres de sa supériorité intellectuelle et parvenir avec aisance jusqu'aux études supérieures. Un point, c'est tout.

Le propos de l'auteur, âpre, dur, violent, exagéré, exaspéré ... devient exaspérant .... car, trop, c'est trop ! Denise Lesur n'est pas Cosette pas plus que ses parents ne sont les Thénardier !
Car, qu'a-t-elle vécu d'horrible, cette gamine ? Ses parents n'étaient pas des monstres, seulement des gens modestes et peu éduqués qui se sont comportés correctement avec elle..... du coup, cette "hystérisation" outrancière de l'enfance, avec son cortège d'effluves nauséabonds file la nausée au lecteur pour finir par tomber à plat !

Dommage ! et ce n'était évidemment pas le but d'Annie Ernaux, non pardon Denise Lesur, car cela retire, hélas, de la force au propos de l'auteur, propos par ailleurs si pertinent !
Famille, je vous hais !
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