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Critique de Sandrion


J'ai dévoré ce week-end ce magnifique récit autobiographique d'Annie Ernaux, Mémoire de fille. Je ne suis pas objective, fascinée depuis le premier livre que j'ai lu d'elle par sa capacité à retranscrire les émotions, le vécu, le parcours d'une femme qui est à la fois elle et d'autres de sa génération. Je connaissais donc son enfance à Yvetot dans le café-épicerie de ses parents, enfant unique choyée par ses parents et découvrant, jeune adulte, une autre classe sociale et un autre univers, et par là même, la honte du milieu dont elle est issue. Mais je ne connaissais pas "la fille de 58", cet épisode qui hante Annie Ernaux depuis plus de cinquante ans et sur lequel elle a fini par se décider à écrire.

"La fille de la photo n'est pas moi mais elle n'est pas une fiction", "La fille de la photo est une étrangère qui m'a légué sa mémoire", "Cette fille-là de 1958, qui est capable à cinquante ans de distance de surgir et de provoquer une débâcle intérieure a donc une présence cachée, irréductible en moi. Si le réel c'est ce qui agit, produit des effets, selon la définition du dictionnaire, cette fille n'est pas moi mais elle est réelle en moi. Une sorte de présence réelle." Dans les premières pages, elle cherche à cerner ce lien qui la lie à celle qu'elle a été, jeune "pouliche" échappée pour la première fois du cocon familial, monitrice remplaçante dans une colonie de vacances et les premières expériences sexuelles marquées par un mélange de désir, de brutalité, d'ignorance et de honte.

C'est magnifiquement écrit, d'une justesse implacable. J'ai trouvé dans l'article de Telerama (très bien d'ailleurs) une phrase écrite par Annie Ernaux pour définir son projet autobiographique : « Je me considère très peu comme un être unique, […] mais comme une som­me d'expériences, de déterminations aussi, sociales, historiques, sexuelles, de langages, et continuellement en dialogue avec le monde (passé et présent) »
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