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Critique de Lazlo23


Pendant plusieurs mois, une femme de presque cinquante ans vit une passion avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle. Celui-ci est étranger, marié. Il ne lui fait aucune promesse, ne lui offre jamais rien, sinon de rares moments d'intense plaisir, que la narratrice ne fait qu'attendre, attendre au point que cette attente finit par devenir le coeur battant de son existence, remplaçant toute autre activité, reléguant amis et même enfants au rang de silhouettes : « A partir du mois de septembre de l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi. », écrit-elle.
Inutile de dire que cette relation, vécue comme une obsession, voire une addiction, est douloureuse, au point qu'il faille prendre aussi le mot passion dans son sens religieux (la Passion selon Saint Jean) : « Tout était manque sans fin, sauf le moment où nous étions ensemble à faire l'amour. Et encore, j'avais la hantise du moment qui suivrait, où il serait reparti. Je vivais le plaisir comme une future douleur. »
On l'a compris, on est loin de Platon et du monde des idées. Les amours qui nous sont ici racontées sont des amours physiques, sans transcendance, et aussi sans avenir, ce qui confère au texte une certaine dimension tragique.
Mais ce qui m'a semblé tout particulièrement intéressant, c'est que cette vision très crue de l'amour, et qui emprunte largement aux codes du porno, prend le contre-pied d'un certain nombre de clichés.
Tout d'abord, elle est le fait d'une femme, qui nous parle ouvertement de sa sexualité, ce qui, en 1991, quand est sorti le livre, n'était pas si fréquent : ainsi l'homme (je n'ose dire l'amant) est-il réduit au strict minimum  (un sexe), et n'a qu'une fonction, satisfaire sa partenaire.
Autre « anomalie », cette femme qui couche sans vergogne avec un homme jeune, est arrivée à un âge où on la verrait plutôt s'occuper de confitures. Or, au lieu de cela, que fait-elle ? S'acheter des toilettes et des chaussures pour mieux plaire à son visiteur, feuilleter des magazines de mode, écouter des chansons sentimentales, bref, retrouver les habitudes de la jeune femme qu'elle a été, comme si vivre une passion était aussi une manière de renverser le cours du temps.
Tout cela pourrait bien sûr prêter à sourire, mais pour l'héroïne de Passion simple il s'agit de quelque chose d'inouï : « Quand j'étais enfant, écrit-elle, le luxe, c'était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme. »
Dur et dérangeant, Passion simple est un livre qui se lit d'une traite (il est vrai qu'il est très court). La seule réserve que je formulerais concerne le style : je l'ai trouvé un peu sec et distant par moments, et finalement pas assez… passionné pour rendre tout à fait justice à cette belle histoire.
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