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Critique de fanfanouche24


J'ai découvert récemment et tardivement cette auteure suédoise, avec "Les Oreilles de Buster"... que j'ai beaucoup apprécié, en dépit de la virulence du ton et du sujet...

En apercevant une nouvelle publication traduite de cette écrivaine, j'ai réagi aussitôt et en ai débuté aussitôt la lecture. Lecture moins âpre que le premier roman que j'ai lu de cette dame !.... Même si les thématiques récurrents à l'auteur reviennent en boucle dans cette nouvelle fiction: la solitude intrinsèque de chacun, la difficulté de la
vie en couple, la complexité infinie des rapports humains...

Ici, deux amies d'enfance, à la mort de la tante de l'une d'elles, partent en Malaisie, puis à San Francisco... où cette tante, Klara partait chaque année en vacances...Pourquoi ce départ inopiné ???.. la nièce, Veronica, est des plus perplexes et intriguées, après les obsèques de sa parente,
ayant croisé une abondance de visages totalement inconnus. Marieke, l'amie, l'est tout autant...

j'allais oublier de préciser que cette tante adorée a élevé Veronica, sa mère étant inconséquente et pas très concernée par l'éducation de sa petite fille; Marieke devient l'amie de Veronika et passe une majorité
de son adolescence chez la tante Klara, enseignante passionnée par son métier , et personnalité profondément bienveillante et affectueuse ...

Les deux jeunes femmes partent donc comme deux véritables enquêtrices, en réalisant de plus en plus qu'elles méconnaissent des pans entiers de l'existence de cette tante, chez qui elles passaient le plus clair de leur temps !

Veronica est professeur de musique, aussi charismatique, envahissante, extravertie que Marieke, écrivaine, est discrète, réservée, limite "effacée" !...
L'ombre et la Lumière , conjuguées...Marieke, d'ailleurs, encore adulte, s'est toujours étonnée que Veronica l'ait
choisie comme "meilleure amie"...

Je ne rentrerai pas dans les détails abondants de ce voyage quasi-initiatique... où chacune des amies va mettre à plat son existence... Elles croiseront un célèbre pianiste , déchu, James... qui sera un révélateur décisif pour elles deux...

de multiples questionnements universels jalonnent ce roman des plus foisonnants, dont cette question ,parmi d'autres : "Parvient-on un jour à connaître vraiment une personne, même parmi les êtres les plus aimés.. ?"

de l'irrémédiable solitude fondamentale de chaque être humain... Ce n'est évidemment pas le thème le plus nouveau, mais Maria Ernestam déploie cette thématique dans les moindres replis, et sous tous les prismes...avec
un foutu talent !!!

Le décès de cette personnalité charismatique et lumineuse de la tante Klara, va être le déclencheur des bilans de vie de ces deux amies d'enfance, de la force ainsi que des failles de leur amitié...

La nièce se trouvera très perturbée de ce qu'elle découvre de sa tante...voulant garder inchangée l'image qu'elle en avait toujours eue ! L'amie, au contraire est très enthousiaste, curieuse, et ravie de l'autre versant "secret" de cette tante "adoptive" qu'elle chérissait avec autant de sincérité que la véritable nièce !!

Un roman aux nourritures infinies, car il est aussi beaucoup question de musique, d'art, de littérature et du travail d'écrivain de l'amie , Marieke...


Une analyse très subtile sur les rapports humains, d'amitié comme d'amour...

"Aujourd'hui, j'ai pris conscience que je n'y échapperai pas. si je ne te contacte pas, je traînerai toujours un sentiment de manque, alors même que ma vie est en réalité satisfaisante telle qu'elle est. Mais les blessures intérieures ne s'effacent pas. Au contraire elles s'aggravent.
Depuis notre voyage, je réfléchis à ce qui fait de nous les êtres que nous sommes. Les gens
sont tous tellement différents. Il y a ceux qui donnent et ceux qui prennent. ceux qui parlent et ceux qui se taisent. Ceux qui se mentent à eux-mêmes et mentent aux autres, et ceux qui essaient d'être sincères même lorsque c'est impossible. Ceux qui classent les individus en bons ou mauvais sans comprendre que tout le monde peut être à la fois l'un et l'autre, que chacun fait de son mieux.
Je me demande quel genre de personne je suis. Probablement un mélange de tout cela. (p. 9)

Un immense, immense... coup de coeur, aux couleurs de la pluie, mais aussi à celles d'extraordinaires arcs-en -ciel, inoubliables même si fugitifs....
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