Nous marchons à travers le verger, examinant le résultat de nos efforts - ce soir, nous ferons flamber les trois souches- quand Bo s'arrête à côté du chêne isolé au centre des fruitiers, celui dans lequel un cœur a été taillé. On dirait un arbre fantôme, avec de la mousse dégoulinant le long de ses branches, deux cents ans d'histoire dissimulées dans son Tronc.
- On devrait peut-être brûler celui-ci aussi, commente Bo. Il est très vieux et pas très sain. [...]
J'appose ma paume sur ke cœur gravé.
- Non, je veux qu'on le laisse. Ce ne serait pas bien de le couper. Cet arbre compte pour quelqu'un.
[...]
Je m'arrête devant le vieux chêne, au milieu du verger- l'arbre fantôme aux feuilles qui frémissent dans le vent. Je pose ma paume sur le cœur grâce dans le tronc. (...) Ça me rappelle la nuit où, il y a tant d'années, j'étais allongée sous cet arbre avec l'homme que j'aimais alors : Owen Clément. Avec un couteau, il avait taillé le cœur dans le tronc pour marquer notre place dans le monde. Nos cœurs, liés l'un à l'autre. L'éternité coulant dans nos veines. C'est cette nuit là qu'il m'a demandé en mariage. Il n'avait ni bague, ni argent, ni même à m'offrir à part lui. Mais j'ai dit oui.
" La magie ne prend pas toujours la forme de mots, de chaudrons brassant des épices ou de chats noirs arpentant de sombres ruelles. Certaines malédictions prennent leur source dans le désir ou l'injustice. "
L'amour est une enchanteresse - sauvage et sournoise. Elle se glisse derrière vous, douce, tendre et tranquille, juste avant de vous trancher la gorge.
Peut-être que je l’aime.
Et ça a fait basculer mon univers. Les bouts effilochés de ma vie commencent à se défaire. Aimer, c’est dangereux. Aimer, c’est avoir quelque chose à perdre.
J’ai l’impression qu’il est… tout ce qui reste. Autour de moi, le monde a été réduit en miettes. Mais ça, oui, ça pourrait suffire à lisser les angles cassants de mon cœur qui s’est arrêté de battre il y a longtemps.
Il a des choses que je devrais lui dire – des aveux enfouis en moi. La façon dont mon cœur largue les amarres quand je suis avec lui. La tête envahie de pensées que je ne peux expliquer. Je devrais m’excuser. Je devrais descendre sous la pluie et taper à sa porte. Je devrais toucher sa peau du bout de mes doigts et lui dire ce dont j’ai envie, ce que je désire. Mais comment se dévoiler à quelqu’un, quand on sait que seule notre armure nous protège ?
Alors je ne dis rien. Je garde mon cœur caché dans ma poitrine au plus profond, au plus sombre de moi-même.
Le ciel de suie nocturne étincelle et frissonne : le brasier infernal que nous avons créé sur terre éclipse ses étoiles.
D'abord, c'est un faible fredonnement qui suit le mouvement des vagues, un bruit si ténu qu'on pourrait croire qu'il ne s'agit que du vent soufflant à travers les volets de bois, à travers les hublots des bateaux de pêche à quai, dans les étroites interstices le long des embrasures de portes vermoulues. Mais après la première nuit, on ne peut plus ignorer l'harmonie des voix. Un hymne envoûtant qui vogue a la surface de l'eau, frais, doux et séduisant.
Les Swan Sisters se sont réveillées.
Ils les conduisirent dans une petite pièce à l'écart, où cinq femmes leurs arrachèrent leurs habits, vérifièrent les marques que l'on avait évoquées contre elles, avant de les vêtir de robes blanches pour purifier leur âme et s'assurer de leur mort éternelle et absolue.
Mais absolue, leur mort ne le fut pas.
Il y a des choses que j'aime chez lui_non, ce n'est pas ça. Ça ne vient pas vraiment de lui. C'est moi. J'aime ce que je ressens auprès de lui. Le fait d'être soulagée par sa présence. Avec lui, le bourdonnement constant qui accompagne mes pensées, la douleur dans ma poitrine, s'atténuent...