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Critique de Nemorino


Essenine et moi, c'était peut-être ma première rencontre poétique, même si j'adorais la poésie russe en général et apprenais régulièrement des récitations comme tous les autres petits pionniers soviétiques. À l'âge d'adolescence, au temps des secrets, au temps des amours et des douleurs absurdes, quand on se croit avoir mille ans (est-ce aussi grâce à la charge émotionnelle reçue à travers le piano classique que j'étudiais ?), Essenine m'était tombé sous la main, et je ne sais pas si j'y avais attrapé la mélancolie ou si c'était mon vague à l'âme qui avait trouvé chez lui un écho fidèle. Aucune lecture n'est anodine.
Je me rappelle encore les strophes d'Essenine citées de la bouche des personnes aimées. Mon père chantait dans la cuisine, entre autres, ses romances… (Il chantait aussi une romance de Tutchev, poète russe, encore un inconnu au bataillon pour les Français. C'est beau quand certains poèmes couchés sur une musique anonyme, s'élèvent au niveau des chants populaires !) Un recueil d'Essenine, c'était le seul objet que j'avais pris avec moi en quittant mon pays pour la France. Avec Essenine, on éprouve une communauté de sentiments alors que, par exemple, Pouchkine reste distant par sa perfection intimidante.
Relire les poèmes d'Essenine aujourd'hui, c'est revisiter des passages secrets de mon passé. Revoir un Essenine habillé de nuage, un Essenine le lendemain du bonheur. Je fais seule le chemin à l'envers mais, même en français, Essenine a su ébranler ma sensibilité.
Comme il est beau ! Tout est beau en lui, jusqu'à son nom et son prénom. Essenine : bleu, rouge, or, des bouleaux et des meules et des baies d'églantier, des tristesses joyeuses et des joies tristes…
Quand on voit la difficulté des traducteurs face à un texte poétique on prend conscience que la poésie, intraduisible, c'est le trésor d'une langue !
Chapeau bas Christiane Pighetti ! Je n'en ferais pas autant. Je salue l'ingrat labeur des traducteurs d'oeuvres poétiques. Car leur travail demande de l'abnégation et, à la fin, il y aura toujours ceux qui critiquent. Pour moi, il s'agit d'oeuvres communes entre le poète et le traducteur, appréciables indépendamment de l'original !
Mais il n'y a pas que la tristesse que l'on puise chez Essenine. Il y a aussi une explosion de forces naissantes. Bonne découverte !
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