AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Foxfire


« Black Flag » est mon 1er Valerio Evangelisti. Cette rencontre ne restera pas isolée. « Black Flag » est un roman bancal, inégal, bourré d'imperfections mais aussi passionnant, riche et diablement efficace.

Le roman est structuré en 3 parties distinctes. le prologue et l'épilogue font référence à l'opération militaire américaine au Panama en 89, la mal nommée opération « Just Cause ». le reste du roman alterne des chapitres se déroulant à l'aube de l'an 3000 sur une Terre ressemblant à un immense hôpital psychiatrique laissé à l'abandon où les schizos et les psychopathes se massacrent joyeusement et chapitres se déroulant lors de la Guerre de Sécession. Ces différentes parties ne vont pas finir par se rejoindre mais plutôt proposer des correspondances entre elles, des liens thématiques ou de cause à effet plus ou moins forts. Ces différentes parties sont d'intérêt inégal. Si la partie panaméenne et la partie futuriste se lisent bien et proposent des idées intéressantes, elles sont tout de même très nettement inférieures à l'histoire se déroulant pendant la Guerre de Sécession. La partie panaméenne fait la jonction entre les deux époques qu'on va suivre et c'est plutôt bien trouvé mais cette partie est trop peu développée pour déployer pleinement ses idées. Quant à la partie futuriste, elle est un peu plombée par son ultra-violence. le reste du récit est très violent également mais traversé par des éclairs d'humanité et surtout peuplé de personnages beaucoup plus intéressants. En l'an 3000, aucune lueur d'espoir ne vient atténuer la violence et aucun personnage ne suscite la moindre empathie. Même le personnage de Lilith, pourtant complexe et ambivalente, ne suscite pas un réel intérêt. Les parties panaméennes et futuristes sont donc intéressantes mais un peu ratées et le roman aurait été bien meilleur sans. Ceci dit, je n'ai pas envie d'en faire le reproche à Evangelisti qui fait preuve d'une ambition certaine en créant des ponts et des échos thématiques entre les époques. Il ne se hisse pas totalement à la hauteur de ses ambitions mais il a le mérite d'essayer.

Si « Black Flag » aurait été plus réussi sans les parties panaméennes et futuristes c'est aussi parce que la partie située pendant la Guerre de Sécession est vraiment extraordinaire. La partie futuriste est loin d'être ennuyeuse mais elle fait pâle figure à côté du 19ème siècle. A chaque fois qu'on finit un chapitre mettant en scène Pantera pour retrouver l'an 3000, on a un pincement, un regret. Il y a comme une cassure de rythme. Il faut dire que la partie située lors de la Guerre de Sécession offre une galerie de personnages tellement formidable qu'on a grand peine à quitter leurs traces. Il y a d'abord Pantera, héros ambigu, mystérieux, magnétique, ultra-charismatique. J'ai été littéralement envoûtée par ce personnage. Tous les seconds rôles sont tout aussi réussis, que ce soient Koger, Molly ou les redoutables bushwhackers. Ils forment une belle galerie de personnages, certains attachants, d'autres effrayants. J'ai particulièrement apprécié les apparitions de véritables personnages historiques comme les frères James, Bloody Bill Anderson et surtout Anselme Bellegarrigue. Ce dernier permet à l'auteur de donner un propos politique à son récit. En effet, si la plupart des bushwhackers qu'on suit dans le récit agissent au nom des valeurs du Sud ou par simple attrait de la violence, la motivation première de Bellegarrigue est la liberté. En témoignent certains de ses dialogues promouvant un anarchisme individualiste à l'extrême qui n'est pas sans rappeler l'idéologie libertarienne.
Au-delà des personnages remarquablement campés et d'un propos politique intéressant, cette partie du roman est surtout un formidable récit d'aventure mêlant western et fantastique dans une histoire très bien menée, riche en action et en péripéties qui s'avère complètement addictive.

« Black Flag » n'est pas un roman parfait, les qualités de la partie western rendent plus criantes encore les faiblesses des autres parties parce qu'on ne peut s'empêcher de faire perpétuellement la comparaison. Mais, voulant aborder western, fantastique, sf et politique dans le même roman, la sincérité et la générosité de l'auteur sont palpables, et cette partie Guerre de Sécession est tellement réussie qu'on a envie de pardonner toutes les imperfections du roman. Une chose est sûre, je n'en ai pas fini avec Evangelisti. J'ai le 1er tome de la saga Eyrmerich dans ma PAL et je compte bien me procurer d'autres bouquins de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          528



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}