Ce tourbillon d'événements me donne l'impression de vivre à cent à l'heure : j'ai à peine le temps de digérer une information ou une situation qu'elle est déjà balayée par la suivante.
« Arthur sourit. Comme d’habitude, sa tentative de me faire un reproche tombe magistralement à l’eau. Ce type est fondamentalement gentil. Bon, OK, je suis à la bourre, encore une fois, mais surtout j’ai un eu peur de ce que je vais lui annoncer. Par où commencer ?
— Alors, qu’est-ce qui s’est passé cette fois ? Ton colocataire t’a de nouveau enfermé dans l’appartement ? Ton chat est encore tombé du balcon ?
Cette fois, c’est Guillaume qui me chambre, depuis le fond du bar où il met les verres en place. Il me regarde, amusé et curieux. Je les aime bien, ces deux-là, ils vont me manquer. Je bosse dans ce bar depuis moins d’un an, mais je m’y sens chez moi. »
– Bon. Voilà. Si je ne vous ai jamais présenté de copine…
La pensée de ma langue dans la bouche de Karine Delbecque m'a une fois de plus mis mal à l'aise.
–… c'est parce que je préfère les garçons. Je suis homo. Voilà. C'est dit.
Sacré Thomas, il me fera toujours rire. Heureux de voir l'effet de la nouvelle sur mon ami, je trinque avec
lui à ce nouveau moi qui vient de naître.
J'ai eu l'impression d'embrasser une entrecôte, et ça a renforcé ma conviction que je suis sans doute un être asexué, une sorte d'escargot humain, condamné à la solitude de la masturbation.
Il est temps que tu te rendes à l'évidence. Je pense qu'une force supérieure veut te forcer à faire ton coming-out !