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Critique de gabb


Axel, 46-ans-presque-50, est dans une mauvaise passe.
En cause et dans le désordre :
- deux ados "en crise" (l'un gribouille des obscénités en classe, l'autre peine à se remettre d'une première rupture amoureuse),
- un pénible rituel "apéro entre voisins" qui lui tape sur les nerfs,
- de vagues projets de vacances à Biarritz qui ne l'enthousiasment guère mais auxquels il ne peut se soustraire,
- un chef et un collègue de bureau à la conversation plus que limitée,
- et surtout - surtout ! - une curieuse enveloppe bleue dans sa boite aux lettres, estampillée "CPAM" et portant la mention : "Programme national de dépistage du cancer colorectal".

Cette maudite enveloppe bleue, celle que personne n'est censé recevoir avant 50 ans, c'est la goutte d'eau qui met le feu aux poudres (sic), la préoccupation majeure et bientôt l'obsession d'Axel.
Notre pauvre homme, ballotté entre petites déconvenues et questionnements existentiels fumeux, se met alors à cogiter sévère ! C'est avec beaucoup d'humour et d'autodérision qu'il nous livre le fruit de ses réflexions, multipliant les digressions absurdes et décalées.

On retrouve bien dans ces chroniques délirantes la patte Fabcaro, son ironie un peu désabusée, son sens du gag, du quiproquo et du comique de situation.
Comme dans ses BD, chaque petite saynète est largement décorrélée de la précédente, ce qui peut donner l'impression d'un patchwork de vannes un peu hétéroclite, mais c'est toujours l'occasion d'un bel éclat de rire !
L'ensemble, qui n'est pas sans rappeler ces spectacles de stand-up où l'humoriste déballe ses misères et tourne en dérision les petits déboires du quotidien, paraîtra peut-être un peu léger aux yeux de certains lecteurs. J'ai préféré quant à moi ne pas bouder mon plaisir (en ces temps pour le moins moroses, qui refuserait de se payer une bonne tranche de rigolade ?), et j'ai passé un super moment en compagnie d'Axel.
En le voyant ainsi déphasé, dépassé par les événements, refusant de vieillir et d'ouvrir sa fameuse enveloppe bleue, mal à l'aise dans son costume de père et incapable de communiquer comme il le voudrait avec sa progéniture, tentant en vain de retenir le temps qui passe ou d'échapper à sa vie et à ses responsabilités, on ne peut que tomber sous son charme de gentil looser en pleine crise de la quarante-sixaine !

Alors c'est vrai, Broadway n'a pas décroché le Goncourt 2020, et malgré toutes ses qualités on peut difficilement considérer ça comme une Anomalie (blague ;-))
En même temps, je suis à peu près sûr que n'était pas là l'ambition première du sieur Fabcaro, alors ne faisons pas la fine bouche et savourons comme il le mérite ce petit délice d'absurdité et de loufoquerie !
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