La ville "fausse et haine" se livre ici sous toutes ses coutures : de l'Estaque au Vieux-Port, de la Joliette à la Plaine, de la Belle de Mai au stade Vélodrome, en passant par le Panier ou encore le Frioul…
Ce bouquin fait le récit d'une interaction entre un personnage et son environnement, les conséquences terribles d'une société criminogène. Exemple type dans la nouvelle de
Patrick Coulomb, le Panier – le silence est ton meilleur ami : un mec, soi-disant très calme, va finir par tuer son voisin pour tapage nocturne.
Un bon écrivain serait un homme qui observe son environnement pour livrer une sorte de diagnostic sur ce qu'il découvre. Un chercheur, donc, ou un archéologue des bas-fonds de la ville. Dans le présent ouvrage, le point de départ est toujours le lieu, et Marseille se prête particulièrement bien au jeu. Ici, il est pratiquement impossible de faire abstraction du lieu où l'on se trouve. La ville nous rattrape sans cesse avec un cri, un coup (de vent), une odeur. Marseille est un parfait matériau d'écriture avec ses mythes, son folklore et les fantasmes qu'elle génère. Elle est le personnage principal de chaque histoire et se donne en spectacle, à mi-chemin entre tragique et comique. Comme le rappelle l'anthologiste en citant
Stevenson : « Certains lieux parlent distinctement. »
A l'heure où les écritures du réel la gagnent, la fiction montre patte noire. Elle est surréelle, à l'image d'une ville ô combien excessive. Dans
Marseille Noir, la subjectivité est assumée : ici, on ne fait que raconter des histoires.
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