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Critique de paulmaugendre


Un cadavre découvert à Quimper et voilà le commandant Mary Lester encore sur la route, cette fois en direction de Dinard, en compagnie de son ami et adjoint le capitaine Fortin qui se remet doucement de ses émotions de l'affaire précédente.

L'homme serait mort d'une absorption d'arsenic, mais il n'avait rien à faire près de Quimper, gisant dans un fossé lorsqu'il fut retrouvé par les gendarmes. Il était originaire de Dinard, la Perle de la Côte d'Emeraude, station balnéaire fort prisée en son temps par Agatha Christie, Victor Hugo, et autres personnages célèbres dont je ne m'attarderai pas à vous en fournir une liste exhaustive, une enquête nous attend.

Il a été établi que ce jeune homme était le neveu d'un homme influent, Bonnadieu, qui fut directeur de cabinet au ministère de la Justice, et ce durant quelques vingt-cinq ans. Mais depuis un accident de la route, cinq ans auparavant, il est bloqué dans un fauteuil roulant. Et sa femme, Béatrice, est fortement soupçonnée d'avoir empoisonné Anthony Lemercier, le neveu décédé et adopté par le couple lorsque tout jeune il s'était retrouvé orphelin.

Il est vrai qu'Anthony n'était pas vraiment net et exerçait une forme de chantage auprès de ses parents adoptifs, leur pourrissant la vie, et dilapidant l'argent qu'il récoltait à gauche et à droite et surtout au centre. Les gendarmes de Dinard ayant retrouvé un bocal contenant de l'arsenic dans la cave de la villa Belle Epoque des Bonnadieu, ils ont immédiatement refilé le bébé à leurs collègues de Quimper où a été découvert le corps, et la juge d'instruction a confié la mission à Mary Lester d'aller chercher Béatrice Bonnadieu afin de l'interroger. La pauvre femme est dans un état mental déliquescent, ce qui se comprend, car une garde à vue laisse toujours des traces. Surtout lorsque l'on se déclare innocent.


Jean FAILLER : Mary Lester et la mystérieuse affaire Bonnadieu.

Retour à la case départ de l'affaire, c'est à dire Dinard, cette fois en compagnie du lieutenant Gertrude le Quintrec, une forte femme qui ne s'en laisse pas ni conter ni compter, et cette fois Mary Lester se présente au commissaire Nazelier, chaudement recommandé par le sien de commissaire. Affable, cauteleux, Nazelier lui adjoint un de ses hommes, Bernoin, avec lequel elle partagera un bureau décrépit, pour ne pas dire insalubre. Un mauvais point pour Nazelier, suivi bientôt par un carton jaune. En effet il fréquente un peu trop, jusque sur les greens de golf, ou plutôt les links puisqu'il s'agit d'un terrain en bord de mer, un certain Antonio Morelli, homme d'affaires influent possédant de nombreux hôtels, restaurants et boites à Dinard et ses environs, mais pas très net.

Mary Lester en profite pour s'adonner à la dégustation de produits locaux, telles les fameuses huîtres de Cancale, tout autant pour les besoins de l'enquête que pour la satisfaction personnelle de ses papilles.

Et c'est dans ce contexte que Mary Lester et Gertrude sont amenées à enquêter, mettant à jour un curieux chantage dont était victime madame Bonnadieu, mais également soulevant un coin du voile sur une ancienne affaire qui avait décrié la chronique dans les années cinquante, le talc Baumol.
Jean FAILLER : Mary Lester et la mystérieuse affaire Bonnadieu.

Les aller-retour Dinard-Quimper sont fréquents, Mary Lester ayant besoin pour l'enquête de commissions rogatoires, délivrées par la juge Laurier en charge de l'affaire, et des compétences de Passepoil, l'informaticien du commissariat. Les affrontements entre les deux femmes ne manquent pas de saveur, la juge étant imbue de ses prérogatives et pète-sec.

Mary Lester se montre une redoutable rhétoricienne, aussi bien vis-à-vis de la juge Laurier qu'envers le commissaire Nazelier ou encore Maître Lessard, l'avocat et ami de la famille Bonnadieu, ce qui engendre des dialogues savoureux, dialogues au cours desquels l'auteur, Jean Failler, se montre quelquefois acerbe, ironique et mettant les pieds dans le plat, éclaboussant tout avec allégresse.

L'art de passer son humeur ou d'exprimer des vérités premières en laissant ses personnages dialoguer.

La connerie, c'est la chose la mieux partagée dans ce pays. D'ailleurs, elle gagne du terrain tous les jours. C'est même le seul terrain où les administrations sont en pointe.

Ou encore, concernant le bac :

Les examinateurs ne paraissent plus aussi exigeants qu'autrefois, quand ils éliminaient impitoyablement nos grands-parents pour cinq fautes dans une dictée de certificat d'études. Si vous voyiez les rapports que rédigent certains de ces bacheliers ces dernières couvées !

Sans être prétentieux, Jean Failler s'amuse à comparer la réalité, via les aventures de Mary Lester, à la fiction :

La brave cuisinière était férue des enquêtes que Mary lui racontait et elle n'hésitait pas à proclamer qu'elle préférait cent fois cela aux séries policières de la télévision.

Il est que Mary Lester, si elle a eu les faveurs d'un téléfilm et d'une courte série, mérite mieux.

Un roman de facture classique avec un joli tour de passe-passe que n'aurait pas désavoué Dame Agatha et qui se clôt avec une sorte de nostalgie et l'impression que de grands changements, voire des bouleversements, vont se produire au cours des prochains épisodes.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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