Voilà ce qui s’est passé… voilà ce qui est…
J’étais lasse de cette journée. Je ne rêvais que d’une chose, m’installer dans mon lit et ne plus penser.
Au contact de mon oreiller, je sombrai lentement dans un état de somnolence. Je ne cherchai plus ni à retenir ni à comprendre. Seulement être. Mais cet instant fut éphémère. Je sursautai légèrement. Instinctivement, je remontai mon plaid au-dessus de ma joue quand un souffle léger me caressa l’oreille. Je le balayai de ma main, comme on chasse un moustique. Mon corps se tendit davantage sous une pression indéfinissable, tandis qu’une voix cristalline se matérialisa. « Je suis Rose… Je m’appelle Rose… Et je vais bien », lâcha-t-elle dans un soupir.
Je cachai mon visage sous ma couverture quand une brusque sensation de froid tomba sur la pièce.
Je regardai discrètement vers la fenêtre, mais rien ne m’indiqua qu’elle était ouverte. Ma respiration se fit plus silencieuse, alors que les battements de mon cœur s’affolèrent jusqu’à résonner dans mes tempes. Mon oreille était à l’affût du moindre bruit. J’étais bien réveillée, assez pour rechercher une explication rationnelle à la présence que je percevais à mes côtés. Quelqu’un était dans ma chambre, pas de doute possible, une fragrance aux accents de bergamote flottait dans l’air. Je devinais au travers de mon abri de fortune une silhouette qui se dessinait, mais je ne la reconnaissais pas… Un froid plus intense me saisit de l’intérieur, je n’osai plus bouger de peur de me faire remarquer.
Dans le couloir, la pendule sonna cinq coups avant de se mettre à jouer Big Ben.
Je retins ma respiration ; je savais très bien qu’à cet instant j’étais seule à la maison. Ils rentreraient tous bien plus tard.
Un semblant de courage me traversa, et je retirai d’un seul coup ce qui me protégeait du monde extérieur. Mon regard parcourut ma chambre plongée dans la pénombre. La forme que j’avais cru voir n’était plus. Il ne me restait que cette sensation incompréhensible.
Je me réfugiai auprès du cuir tanné et usé par le temps dans mon vieux Chesterfield. Un des seuls souvenirs de ma grand-mère, après son décès. Mes jambes repliées contre ma poitrine, je me balançai tout doucement, comme un enfant qu’on bercerait pour le calmer. Je resserrai mon châle autour de mes épaules pour chasser ce froid. Avec une certaine lenteur, tout redevint normal. Soumise par ces forces, je capitulai une fois de plus. Mon regard se perdit dans le vague. Il accompagna les feuilles d’automne qui venaient s’échouer sur la chaussée glissante, alors que d’innombrables scénarios pilonnaient mon esprit.
Bienvenue dans mon monde…
Avec une certaine lenteur, tout redevint normal. Soumise par ces forces, je capitulai une fois de plus. Mon regard se perdit dans le vague. Il accompagna les feuilles d’automne qui venaient s’échouer sur la chaussée glissante, alors que d’innombrables scénarios pilonnaient mon esprit.
Bienvenue dans mon monde...